Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Ros Ros<br />
Léopold Ros naquit à Saint-Gilles, mais passa<br />
sa jeunesse à Namur ou son père, Léopold-<br />
Victor-Emmanuel, était architecte-chef <strong>de</strong>s<br />
travaux à l'administration communale. Le jeune<br />
homme suivit les cours d'humanités mo<strong>de</strong>rnes à<br />
l'Athenée royal <strong>de</strong> Namur jusqu'en 1918. A la<br />
Libération il s'inscrivit à l'Université <strong>de</strong> Liège<br />
qu'il quitta en 1923 comme ingénieur-électricien<br />
<strong>de</strong> l'Institut Montefiore.<br />
Après son service militaire en 1923-1924, il<br />
entame une longue carrière à la Régie <strong>de</strong>s<br />
Télégraphes et <strong>de</strong>s Téléphones (RTT). Dès 1926<br />
il est désigné comme chef du centre d'émissions<br />
intercontinentales à Ruisele<strong>de</strong> (Belradio) où il<br />
introduit diverses innovations techniques. Marié<br />
avec Renée Denison, il en a quatre enfants nés<br />
entre 1926 et 1932.<br />
Membre du Parti ouvrier belge (POB) <strong>de</strong>puis<br />
1923, il <strong>de</strong>vient secrétaire du cabinet du ministre<br />
<strong>de</strong>s PTT, Désiré Bouchery, <strong>de</strong> 1937 jusqu'à la<br />
chute du gouvernement Janson en mai 1938. En<br />
1939 il est désigné comme ingénieur dirigeant la<br />
section <strong>de</strong>s télégraphes et téléphones à Liège,<br />
fonction qu'il occupe encore le 10 mai 1940.<br />
S'étant mis à la disposition <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong>s<br />
radio-communications, Ros est prié <strong>de</strong> se rendre<br />
à la station radio-électrique <strong>de</strong> Ruisele<strong>de</strong> où il<br />
est chargé d'organiser le repli du personnel et<br />
<strong>de</strong>s émetteurs vers Rouen et la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s<br />
installations d'émission décidée le 18 mai. Un<br />
contre-ordre <strong>de</strong> Walthère Dewé, alors ingénieur<br />
en chef <strong>de</strong>s TT et commissaire civil pour les TT<br />
auprès du général-major Umé, atteint Ros à<br />
Hazebrouck le 20 mai. De retour à Bruges, il est<br />
adjoint à Dewé pour le Service <strong>de</strong> la radio aux<br />
armées, ayant pour but la liaison rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
troupes en campagne et l'instauration <strong>de</strong> stations<br />
<strong>de</strong> radiodiffusion. Le 24, Ros réussit à faire<br />
fonctionner un émetteur à Mid<strong>de</strong>lkerke,<br />
«inauguré» d'ailleurs par le Premier ministre<br />
Pierlot. D'autres efforts restent vains et le 27<br />
mai après 17 heures, Mid<strong>de</strong>lkerke arrête ses<br />
émissions...<br />
Après la défaite, Ros, mêlé début juin à la<br />
reconstitution <strong>de</strong>s RTT, est prié par Jacques<br />
Basyn, chef <strong>de</strong> cabinet du ministre <strong>de</strong>s<br />
Communications et PTT Antoine Delfosse, <strong>de</strong><br />
s'entretenir au nom <strong>de</strong> la RTT avec le docteur<br />
Speidler <strong>de</strong> la Militärverwaltung. Se souvenant<br />
<strong>de</strong> l'occupation alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1914-1918,<br />
d'aucuns se montrent réticents à toute reprise du<br />
travail, les seconds, tenant compte <strong>de</strong> l'appel <strong>de</strong><br />
322<br />
Léopold III du 28 mai («Demain, nous nous<br />
mettrons au travail...») estiment que la Régie en<br />
tant qu'organisme public, primordial pour la vie<br />
économique du pays, doit reprendre au plus tôt<br />
son activité. Ce point <strong>de</strong> vue l'emporte et fin<br />
1940, Ros reprend son service à la circonscription<br />
<strong>de</strong> Liège. Il y crée d'ailleurs différents<br />
services sociaux et d'entrai<strong>de</strong> pour les employés.<br />
Mais l'Ordre nouveau a peu <strong>de</strong> charmes pour<br />
lui. Ce sera l'enthousiasme <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses<br />
collègues du Syndicat (socialiste) national <strong>de</strong>s<br />
Chemins <strong>de</strong> fer et PTT pour la collaborationniste<br />
Union <strong>de</strong>s Travailleurs manuels et<br />
intellectuels (UTMI), qui le déci<strong>de</strong>ra en février<br />
1942 <strong>de</strong> mettre sur pied avec Joseph Bondas,<br />
Léon Lelarge et d'autres militants socialistes le<br />
clan<strong>de</strong>stin Ralliement. Le sous-titre est tout un<br />
programme : « organe <strong>de</strong> défense du personnel<br />
<strong>de</strong>s Chemins <strong>de</strong> fer et PTT, contre le germanisme,<br />
la dictature et l'exploitation capitaliste».<br />
Fin 1942, Ralliement disparaîtra mais grâce à<br />
son action les contacts syndicaux socialistes au<br />
niveau national s'étaient instaurés. Ros aida<br />
d'ailleurs le lea<strong>de</strong>r socialiste gantois Anseele<br />
junior à trouver refuge dans un home <strong>de</strong> la<br />
RTT.<br />
L'action <strong>de</strong> Ros à Liège pour une meilleure<br />
action syndicale continua et s'inscrivit à partir<br />
<strong>de</strong> l'été 1943 dans le nouveau Syndicat général<br />
<strong>de</strong>s Services publics (SGSP) clan<strong>de</strong>stin. Ce<br />
n'était pas tout. Les contacts professionnels avec<br />
Walthère Dewé amènent Ros, début 1942, à <strong>de</strong>s<br />
activités pour le service <strong>de</strong> renseignements et<br />
d'action Clarence. Il ai<strong>de</strong> Dewé dans ses déplacements,<br />
s'occupe <strong>de</strong> renseignements d'ordre<br />
télégraphique, téléphonique et concernant les<br />
champs d'aviation et <strong>de</strong> l'établissement <strong>de</strong><br />
circuits secrets. A la veille <strong>de</strong> son arrestation par<br />
les Allemands le 20 juin 1944, il transmet encore<br />
les plans <strong>de</strong> pose <strong>de</strong>s grands cables internationaux.<br />
En outre, il est distributeur principal dans les<br />
services TT <strong>de</strong> Liège <strong>de</strong> différents clan<strong>de</strong>stins<br />
socialistes, mais distribue aussi <strong>de</strong>s tracts <strong>de</strong><br />
démoralisation à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l'armée<br />
alleman<strong>de</strong> et effectue <strong>de</strong>s transports d'hommes<br />
et <strong>de</strong> matériel <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> pour le Service<br />
Porcupine-Mandrill. Il cache aussi <strong>de</strong>s Juifs.<br />
Son arrestation et sa détention, d'abord à la<br />
prison Saint-Léonard à Liège puis au camp <strong>de</strong><br />
Bourg-Léopold jusqu'en septembre 1944,<br />
mettent fin à son activité clan<strong>de</strong>stine.