Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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BREL BREL<br />
installe. En 1976, il fait <strong>de</strong> l'avion-taxi à Hiva-<br />
Oa. Il reviendra en Europe pour <strong>de</strong>s contrôles<br />
médicaux et pour enregistrer un <strong>de</strong>rnier album.<br />
En 1978, il décè<strong>de</strong> à Bobigny d'une embolie<br />
pulmonaire, complication due à une intervention<br />
trop tardive sur le cancer. Il est enterré aux Iles<br />
Marquises près <strong>de</strong> Gauguin. France Brel, sa<br />
fille, crée la Fondation Jacques Brel en 1981<br />
pour perpétuer son œuvre.<br />
Jacques Brel ne voulait pas qu'on appelle sa<br />
chanson <strong>de</strong> «l'art» pour ne pas figer son œuvre.<br />
Et d'ailleurs les spécialistes s'accor<strong>de</strong>nt à lui<br />
trouver plus un «climat poétique» que <strong>de</strong> la<br />
poésie pure. Pol Vandromme cite ce dialogue :<br />
« Que vous manque-t-il pour <strong>de</strong>venir un poète ? -<br />
Y croire». En tout cas, en cette secon<strong>de</strong> partie<br />
du XX e siècle, Brel a contribué à élargir le<br />
public <strong>de</strong> la poésie grâce au média nouveau<br />
qu'est la radio. «La chanson était sans doute à<br />
l'origine une toute petite chose, une bluette sans<br />
prétention, mais que les médias mo<strong>de</strong>rnes ont<br />
fait accé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>puis quelques décennies à une<br />
diffusion sans pareille. L'histoire a déjà fait son<br />
choix : Trenet, œuvre à part ; et puis Brel,<br />
Brassens, Ferré. C'est tout, à quelques exceptions<br />
près. C'est peu » commente Patrick Baton.<br />
Sa création est le reflet d'une certaine<br />
«belgitu<strong>de</strong>» («Avec un ciel si bas/ qu'il fait<br />
l'humilité», Le Plat Pays), d'un mal <strong>de</strong> vivre et<br />
d'aimer (l'amour, le désespoir, l'amitié sont les<br />
thèmes essentiels qu'il abor<strong>de</strong>), d'une société en<br />
mutation qu'il analyse, décrit et critique et dont<br />
il combat les extrémismes. On l'a parfois<br />
surnommé le «Bruegel <strong>de</strong> la chanson», parce<br />
qu'il présentait une manière <strong>de</strong> vivre et <strong>de</strong><br />
penser «belge», avec ses contradictions <strong>de</strong><br />
culture, <strong>de</strong> langue et l'exiguïté du territoire<br />
rendant sensible à beaucoup d'influences.<br />
«Jacques Brel a fait le constat douloureux du<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la bêtise, celui qui le suivra <strong>de</strong>vra faire<br />
savoir tout ce qui est positif sur la planète terre »<br />
conclut Julos Beaucarne.<br />
Chansons : 1953, Il y a et La foire (78 tours).<br />
1955, premier album 33 tours (25 cm) chez<br />
Philips : Il peut pleuvoir, Sur la place, ça va...<br />
1957, <strong>de</strong>uxième album: Quand on n'a que<br />
l'amour. Il obtient le prix Charles Cros;<br />
troisième album : Au printemps, Je ne sais<br />
pas.... 1959, quatrième 33 tours avec La valse à<br />
mille temps, Ne me quitte pas, Les Flaman<strong>de</strong>s. Il<br />
obtient le Grand Prix <strong>de</strong> l'<strong>Académie</strong> du disque<br />
60<br />
Francis Carco. 1960, Jean <strong>de</strong> Bruges, sur un<br />
poème symphonique <strong>de</strong> François Rauber. Il sera<br />
chanté par Jean-Christophe Benoît, Brel étant<br />
lui-même le récitant. 1961, cinquième album:<br />
Marieke, Les prénoms <strong>de</strong> Paris, Le moribond;<br />
sixième album : Les bourgeois, Les paumés du<br />
petit matin ; premier album 30 cm en public à<br />
l'Olympia. 1962, premier album chez Barclay :<br />
Ma<strong>de</strong>leine, Bruxelles, Le plat pays. 1963, album<br />
avec Les vieux, La Fanette, Les bigotes. 1964,<br />
album avec Mathil<strong>de</strong>, Jef, Les bonbons ; création<br />
<strong>de</strong> la chanson Amsterdam à l'Olympia.<br />
L'enregistrement public remporte à nouveau le<br />
Grand Prix national du Disque, comme meilleur<br />
chanteur <strong>de</strong> 1964. 1966, album : Ces gens-là,<br />
Jacky, Grand-Mère. 1967, album : Mon enfance,<br />
Le cheval, La chanson <strong>de</strong>s vieux amants... 1968,<br />
album : Vesoul, J'arrive, Je suis un soir d'été,<br />
Un enfant. 1972, il réenregistre pour Barclay,<br />
avec qui il signe un contrat «à vie» <strong>de</strong> trentetrois<br />
ans, d'anciennes chansons, comme Ne me<br />
quitte pas ou Quand on n'a que l'amour. 1973,<br />
il commence puis abandonne l'écriture <strong>de</strong>s<br />
chansons, avec François Rauber, <strong>de</strong> la pièce<br />
pour enfants Le Voyage sur la lune, <strong>de</strong> Jean-<br />
Marc Landier. 1977, ultime album enregistré à<br />
Paris : Vieillir, Le Bon Dieu, Orly, Voir un ami<br />
pleurer, Les Marquises.<br />
Autres interprètes : parmi d'autres, Barbara<br />
enregistre en 1961 Barbara chante Brel. Isabelle<br />
Aubret, Anna Prucnal, Clau<strong>de</strong> Nougaro,<br />
Catherine Ribeiro, Johnny Hallyday le chantent<br />
aussi. Joan Baez, Judy Collins, Nina Simone,<br />
David Bowie, Ray Charles, Frank Sinatra, Tom<br />
Jones l'ont chanté en anglais. Sans oublier le<br />
tube international <strong>de</strong> Terry Jacks, un Canadien<br />
<strong>de</strong> Winnipeg, qui reprit la version <strong>de</strong> Rod<br />
McKuen déjà chantée par le Kingston Trio en<br />
1964 pour en faire un n°l <strong>de</strong>s ventes aux USA et<br />
qui récidivera avec If you go away (Ne me quitte<br />
pas). Toots Thielemans donnera aussi à l'harmonica<br />
une inoubliable version jazz et blues <strong>de</strong> Ne<br />
me quitte pas, tandis que Johan Verminnen<br />
réalisera une version néerlandaise <strong>de</strong> plusieurs<br />
chansons.<br />
Cinéma : avec André Cayatte Les risques du<br />
métier, 1967. Avec Philippe Fourastié La Ban<strong>de</strong><br />
à Bonnot, 1968. Avec Edouard Molinaro Mon<br />
oncle Benjamin, 1969. Avec Jean Valére Mont-<br />
Dragon, 1970. Avec Marcel Carné Les assassins<br />
<strong>de</strong> l'ordre et Franz avec Barbara dont il est le