Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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DEFACQZ DEFACQZ<br />
charitables en <strong>Belgique</strong>, Bruxelles, 1909, p. 183-222.<br />
DEFACQZ, Eugène, Henri, Marie, premier<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation (1867), né à<br />
Ath le 17 septembre 1797, décédé à Bruxelles le<br />
31 décembre 1871.<br />
Personnalité marquante dans les premières<br />
décennies <strong>de</strong> l'indépendance <strong>de</strong> la <strong>Belgique</strong>,<br />
Defacqz s'est distingué aussi bien comme<br />
membre du Congrès national, juriste et<br />
magistrat, historien du droit, que par son rôle<br />
dans la franc-maçonnerie et dans la politique<br />
libérale.<br />
Il était le fils <strong>de</strong> Louis Defacqz et <strong>de</strong> Marie-<br />
Joseph Thomeret. Son père, officier dans<br />
l'armée française <strong>de</strong>puis 1792, fut successivement<br />
commissaire du Directoire et notaire à Ath,<br />
maire <strong>de</strong> cette ville <strong>de</strong> 1805 à 1812. Eugène<br />
avait une sœur, Elisa, et trois frères : Victor, qui<br />
reprit l'étu<strong>de</strong> paternelle, Ernest, juriste<br />
également, qui succéda comme notaire à Victor<br />
(décédé en 1830), et Frédéric.<br />
Dès sa jeunesse, Eugène Defacqz fut<br />
fortement imprégné par son milieu jacobin. Ses<br />
étu<strong>de</strong>s furent accomplies au collège d'Ath, puis<br />
à Dijon, auprès <strong>de</strong> son oncle Jean-Joseph<br />
Jacotot, célèbre par sa «métho<strong>de</strong> universelle<br />
d'éducation», qui enseignait à la Faculté le<br />
Droit et les mathématiques. Il termina ses étu<strong>de</strong>s<br />
à la Faculté <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong> Bruxelles par une<br />
licence obtenue le 22 avril 1817. Selon l'usage,<br />
sa «thèse», d'une douzaine <strong>de</strong> pages, portait sur<br />
le droit romain (De adimendis legatis), le Co<strong>de</strong><br />
civil (art. 2180) et le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure civile<br />
(art. 175).<br />
Il entra au barreau <strong>de</strong> Bruxelles comme<br />
stagiaire <strong>de</strong> l'avocat Louis Joly plus tard avocat<br />
106<br />
à la Cour <strong>de</strong> cassation. Il se distingua rapi<strong>de</strong><br />
— A. Simon, Le Cardinal Sterckx et son temps (1792- ment par sa science, la qualité <strong>de</strong> son<br />
1867), t. 1, Wetteren, 1950, p. 538-553. — A.-E. Van argumentation, sa parole claire et élégante. Il<br />
Houtte, Le ministère De Decker (mars 1855 -<br />
semble avoir particulièrement frappé ses<br />
novembre 1857), mémoire <strong>de</strong> licence présenté à<br />
l'Université catholique <strong>de</strong> Louvain, 1960 (inédit). —<br />
confrères par la modicité <strong>de</strong> ses honoraires. Il<br />
F. van Kalken, Commotions populaires en <strong>Belgique</strong> plaida surtout <strong>de</strong>s affaires venant en appel <strong>de</strong>s<br />
(1834-1902), Bruxelles, 1936, p. 37-63. — Ph.-J. Van tribunaux du Hainaut : litiges concernant char<br />
Tiggelen, Les émeutes <strong>de</strong> novembre 1871 à Bruxelles bonnages et carrières, ou résultant <strong>de</strong> situations<br />
et la révocation du ministère d'Anethan, dans Revue nées sous l'Ancien Régime. Il approfondissait<br />
Belge d'Histoire Contemporaine, t. 15, 1984, p. 165- ainsi sa connaissance <strong>de</strong> l'ancien droit, qui<br />
200. — L. Wils, Vlaemsche Commissie, dans Nieuwe <strong>de</strong>vait plus tard nourrir son enseignement.<br />
Encyclopedie van <strong>de</strong> Vlaamse Beweging, t. 3, Tielt,<br />
D'après son confrère Jottrand, il plaidait aussi<br />
1998, p. 3504-3506.<br />
<strong>de</strong>s affaires en néerlandais, chose exceptionnelle<br />
Paul Wynants alors pour un hennuyer. Qu'il eût au moins une<br />
connaissance passive <strong>de</strong> cette langue se voit<br />
confirmé par les nombreuses citations <strong>de</strong> termes<br />
juridiques thiois dans son Ancien droit belgique.<br />
On possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui un mémoire en néerlandais,<br />
pour <strong>de</strong>ux gar<strong>de</strong>s forestiers <strong>de</strong> Buggenhout,<br />
acquittés en 1826 par un premier arrêt <strong>de</strong> la<br />
Cour d'assises d'Anvers (confirmé après une<br />
première cassation), en réponse à un nouveau<br />
pourvoi en cassation du ministère public. Etant<br />
donné la complexité <strong>de</strong> l'affaire, il est probable<br />
que Defacqz ait fait traduire ce mémoire ; mais<br />
celui-ci témoigne en tout cas <strong>de</strong> ses qualités <strong>de</strong><br />
juriste. Bien que présenté déjà en 1827 en ordre<br />
utile pour être désigné (par le procureur général)<br />
comme membre du Conseil <strong>de</strong> discipline <strong>de</strong><br />
l'Ordre, il fut écarté par ce magistrat et n'y fut<br />
nommé qu'en 1829. Il habitait alors rue <strong>de</strong><br />
Ruysbroeck, à <strong>de</strong>ux pas du Palais <strong>de</strong> Justice<br />
d'alors.<br />
Son activité, avant 1830, ne se limitait pas au<br />
barreau. Dès 1820, il avait été initié dans la loge<br />
L'Espérance, dont il <strong>de</strong>vint orateur en 1826; il y<br />
prit la parole en cette qualité en 1829, en<br />
présence du prince Guillaume d'Orange; il y fut<br />
surveillant en 1829. C'était le début d'une<br />
fidélité active dans la Maçonnerie, à laquelle<br />
avait appartenu son père et dont faisaient partie<br />
ses frères Ernest et Victor. En 1821, il fut nommé<br />
membre <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong>s Hospices; en<br />
1829, lieutenant et membre du conseil <strong>de</strong> la<br />
gar<strong>de</strong> bourgeoise («Schutterij»). Rien dans sa<br />
conduite avant 1830 ne le fait apparaître comme<br />
un opposant au régime hollandais; s'il a été<br />
écarté <strong>de</strong>ux ans durant par le procureur général<br />
du Conseil <strong>de</strong> discipline <strong>de</strong> l'Ordre <strong>de</strong>s avocats,<br />
c'est plus en raison <strong>de</strong> sa réputation d'indépendance,<br />
sans doute, que d'une opposition nette au<br />
régime.