Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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COREMANS COREMANS<br />
En janvier 1897, Coremans prit, au conseil<br />
communal d'Anvers, soudainement ses<br />
distances par rapport au projet <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong><br />
Coupure, au grand étonnement <strong>de</strong> ses collègues<br />
<strong>de</strong> parti. Le Meetingpartij et son organe <strong>de</strong><br />
presse l'obligèrent à se rétracter, ce qu'il fit dans<br />
la forme, mais pas dans l'esprit, restant par après<br />
opposé au projet. Il avait compris trop tard, que<br />
la Gran<strong>de</strong> Coupure, traversant l'enceinte et la<br />
cita<strong>de</strong>lle du Nord édifiées <strong>de</strong> 1860 à 1865,<br />
rendrait inéluctable la construction d'une<br />
nouvelle fortification, dont les plans d'ailleurs<br />
étaient déjà en gestation. Sous le ministre<br />
Brassine et son successeur Van<strong>de</strong>npeereboom, le<br />
département <strong>de</strong> la Guerre élabora une «fortification<br />
babylonienne» avec une nouvelle enceinte<br />
et une nouvelle première ligne <strong>de</strong> forts, cette<br />
<strong>de</strong>rnière entourant la ville à une distance <strong>de</strong><br />
quinze kilomètres en une gran<strong>de</strong> courbe allant <strong>de</strong><br />
Zandvliet près <strong>de</strong> la frontière hollandaise<br />
jusqu'au nord <strong>de</strong> Malines, virant ensuite sur la<br />
rive gauche jusqu'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Doel. L'ancienne<br />
enceinte ne serait démolie qu'après l'achèvement<br />
<strong>de</strong> la nouvelle première ligne et <strong>de</strong> la<br />
nouvelle enceinte située sur l'ancien camp<br />
retranché ; la série <strong>de</strong>s forts allant <strong>de</strong> Wijnegem<br />
(n°l), jusqu'à Hoboken (n°8), y compris les forts<br />
<strong>de</strong> Merksem, Kruibeke et Burcht. Le gouvernement<br />
entama <strong>de</strong>s négociations avec le<br />
Meetingpartij, afin d'obtenir son adhésion au<br />
projet. Coremans, en s'opposant à la Gran<strong>de</strong><br />
Coupure, marquait en même temps son aversion<br />
pour le plan militaire. Mais il dut cé<strong>de</strong>r face à la<br />
stratégie <strong>de</strong> l'Association conservatrice qui, sous<br />
l'impulsion du député Auguste Delbeke, conclut<br />
<strong>de</strong>s accords formels avec le gouvernement <strong>de</strong><br />
Smet <strong>de</strong> Nayer, en 1898 et 1903. Le<br />
Meetingpartij promit <strong>de</strong> soutenir le projet <strong>de</strong> la<br />
première ligne et <strong>de</strong> la nouvelle enceinte, et<br />
accepta que l'ancienne enceinte ne soit démolie<br />
qu'après l'achèvement <strong>de</strong> l'ensemble. Par crainte<br />
d'être trompé par le génie militaire, le<br />
Meetingpartij exigea <strong>de</strong>s garanties, sous forme<br />
<strong>de</strong> convention-loi, à propos <strong>de</strong> la démolition <strong>de</strong><br />
l'ancienne enceinte, accordant <strong>de</strong>s droits civils<br />
aux trois communes intéressées : Anvers,<br />
Berchem et Borgerhout. En échange le<br />
Meetingpartij obtiendrait la Gran<strong>de</strong> Coupure,<br />
vaste ouvrage <strong>de</strong> génie civil, <strong>de</strong>stiné à faire<br />
d'Anvers le premier port du continent. Le projet<br />
<strong>de</strong> loi reprenant les bases <strong>de</strong> l'accord entre le<br />
gouvernement et le Meetingpartij fut déposé au<br />
82<br />
Parlement le 16 mai 1905; le gouvernement<br />
espérait que le vote interviendrait avant les fêtes<br />
jubilaires <strong>de</strong> juillet 1905. Cet espoir fut déçu car<br />
<strong>de</strong>venu objet d'âpres contestations au sein <strong>de</strong> la<br />
majorité catholique, le projet ne fut voté, non<br />
sans avoir subi une série d'amputations, qu'en<br />
janvier 1906 à la Chambre et au mois <strong>de</strong> mars au<br />
Sénat. Le rôle <strong>de</strong> Coremans dans le grand débat<br />
anversois fut terne et Helleputte ne reconnût plus<br />
«le fier Sicambre», qu'avait été Coremans dans<br />
les précé<strong>de</strong>nts débats militaires.<br />
La position <strong>de</strong> chef incontesté occupée par<br />
Coremans au sein du Meetingpartij commença<br />
donc à s'effriter à partir <strong>de</strong>s années 1890. Mis à<br />
part les fautes d'appréciation <strong>de</strong>s enjeux politiques<br />
du moment commises par Coremans<br />
lui-même, il y avait à cela plusieurs raisons : le<br />
Ne<strong>de</strong>rduitse Bond, s'appuyant sur la petite<br />
classe moyenne, avait perdu <strong>de</strong> sa force faute<br />
d'afflux <strong>de</strong> sang neuf, le recrutement ne s'effectuant<br />
ni chez le patronat portuaire, ni chez le<br />
nombre croissant <strong>de</strong> salariés. En outre le<br />
message politique ne changeait guère, position<br />
délicate compte tenu <strong>de</strong>s crises internationales<br />
qui mettaient la paix en danger. Coremans<br />
sacrifia par <strong>de</strong>ux fois <strong>de</strong>s candidats du<br />
Ne<strong>de</strong>rduitse Bond à ceux <strong>de</strong> l'Association<br />
conservatrice : Louis Van <strong>de</strong>n Broeck en 1891,<br />
et Auguste Delbeke en 1892, ce qui eut pour<br />
effet <strong>de</strong> mécontenter les jeunes flamingants au<br />
moment où ils insistaient pour que Coremans<br />
s'exprime en néerlandais à la Chambre, ce qu'il<br />
refusa <strong>de</strong> faire. A cela vint s'ajouter qu'en 1894,<br />
il soutint Woeste contre l'abbé Daens lors <strong>de</strong> la<br />
campagne électorale à Alost, ce qui eut pour<br />
effet d'inciter un groupe <strong>de</strong> jeunes du<br />
Ne<strong>de</strong>rduitse Bond à s'en séparer et à fon<strong>de</strong>r le<br />
parti «daensiste» dans l'arrondissement<br />
d'Anvers. Sa stratégie, soldée par un échec,<br />
après la victoire électorale <strong>de</strong> novembre 1895<br />
pour introduire le Meetingpartij au collège<br />
échevinal et son revirement brutal à propos <strong>de</strong> la<br />
Gran<strong>de</strong> Coupure affaiblirent <strong>de</strong> surcroît considérablement<br />
sa position. Dans le même temps, il<br />
avait perdu le soutien <strong>de</strong> la presse : il ne pouvait<br />
compter que sur le Han<strong>de</strong>lsblad et Ons Recht à<br />
partir <strong>de</strong> 1899, et que très partiellement sur la<br />
Gazet van Antwerpen et La Presse pour les<br />
questions <strong>de</strong> flamingantisme, mais ces <strong>de</strong>ux<br />
<strong>de</strong>rniers ne lui pardonnaient pas la tié<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ses<br />
convictions religieuses. Enfin, Γ antimilitarisme<br />
se heurtait <strong>de</strong> plus en plus à l'opposition <strong>de</strong> la