Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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LEGROS LEGROS<br />
Scheurs (1955), <strong>de</strong>s articles sur tîdje «chemin<br />
<strong>de</strong> terre» (1954, avec J. Herbillon), sur hok<br />
«épine (arbrisseau)» (1960, avec J. Herbillon)<br />
ou certaines Notes <strong>de</strong> dialectologie gaumaise<br />
sur Montmédy, Saint-Vincent, Meix,... (1954).<br />
Au plan <strong>de</strong> la dérivation <strong>de</strong>s mots, ce sont les<br />
examens scrupuleux du Französisches<br />
Etymologisches Wörterbuch <strong>de</strong> W. von Wartburg<br />
et les explorations qui s'y rapportent, qui, avec<br />
les articles personnels (stombe «aiguillon <strong>de</strong><br />
bouvier», 1950; wèspa «déchets <strong>de</strong> paille»,<br />
1952; vèrzèlin «sizerin flammé», 1959;<br />
houp'tikèt «coiffure élevée», 1970;...), les<br />
dossiers sur certains termes ou familles <strong>de</strong><br />
termes (keûre «voir avec plaisir qu'un bonheur<br />
arrive à quelqu'un» et son contraire mèskeûre,<br />
1966; rahî «agiter, fureter», rah'ler «bruire,<br />
crisser»,..., 1965 ;...), les atlas et le superbe livre<br />
sur les Ruches (1969, 132 p.), confèrent à l'ensemble<br />
<strong>de</strong>s travaux leur caractère étymologique.<br />
Il serait pourtant abusif d'ériger cet aspect,<br />
important certes, mais plus diffus dans l'œuvre<br />
<strong>de</strong> Legros que dans celles <strong>de</strong> Haust ou <strong>de</strong><br />
Remacle, en principe directif.<br />
Féru d'oralité, Elisée Legros n'en néglige pas<br />
pour autant les sources écrites. La consultation<br />
intime <strong>de</strong>s dictionnaires dialectaux, dont il a<br />
rassemblé une imposante collection, engendre<br />
l'attirance pour la langue <strong>de</strong>s auteurs anciens du<br />
pays <strong>de</strong> Liège qu'il valorise sous divers angles.<br />
Le philologue tire <strong>de</strong>s Textes littéraires en<br />
wallon <strong>de</strong> Liège et <strong>de</strong> Verviers (et <strong>de</strong> Malmedy,<br />
XIX e -XX e s.) <strong>de</strong> précieuses Glanures linguistiques<br />
(1959) dont certaines complètent et<br />
modifient les acquis lexicologiques, étymologiques<br />
ou grammaticaux. Il étaiera d'ailleurs<br />
plus tard ses démonstrations <strong>de</strong> morpho-syntaxe<br />
(concurrences <strong>de</strong> «en» et «dans» en liégeois,<br />
1960-1961 ; «avoir, eu» et «savoir, su» à Liège<br />
du XVII e siècle à nos jours, 1964; l'absence<br />
d'article en wallon <strong>de</strong>vant les noms <strong>de</strong> rivière,<br />
1967-1968; gallicismes morphologiques du<br />
type monâme, monêr, 1969) d'attestations<br />
anciennes et récentes d'une littérature wallonne<br />
qu'il connaît bien et qu'il apprécie avec lucidité.<br />
L'éditeur présente, annote et traduit les textes <strong>de</strong><br />
Marcel Launay, Louis Henrard, Charles<br />
Rossius. Et l'historien s'interroge sur la<br />
tradition, la localisation et l'origine controversée<br />
<strong>de</strong>s Noëls wallons [1986].<br />
Elisée Legros franchit à plusieurs reprises les<br />
bornes <strong>de</strong> la dialectologie. Sa vigilance et sa<br />
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curiosité scientifique l'exhortent à plai<strong>de</strong>r pour<br />
qu'entre les a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong>s sciences humaines, et<br />
en particulier Du philologue à l'historien<br />
(1950), s'établisse une concertation rentable.<br />
Par le biais d'aperçus biobibliographiques sur<br />
les pionniers <strong>de</strong> la discipline (Grandgagnage) ou<br />
sur ses meilleurs représentants (Haust, Renard,<br />
Bastin, Jud,...), par <strong>de</strong>s hommages à <strong>de</strong>s littérateurs<br />
(Calozet, Launay, Defrecheux,...), à <strong>de</strong>s<br />
folkloristes (Delogne, Banneux, <strong>de</strong> Warsage,...),<br />
à <strong>de</strong>s historiens régionalistes (Hanon <strong>de</strong> Louvet,<br />
A. <strong>de</strong> Noue,...), au travers d'actions exercées en<br />
faveur d'organismes défenseurs <strong>de</strong> la cause<br />
wallonne (il évoque notamment les initiateurs <strong>de</strong><br />
la Société <strong>de</strong> Langue et <strong>de</strong> Littérature wallonnes<br />
et le rôle <strong>de</strong> celle-ci au cours <strong>de</strong> Cent ans d'activité<br />
[1956]), par <strong>de</strong>s réflexions sur l'histoire <strong>de</strong><br />
Wallon et <strong>de</strong> Wallonie (1960 à 1967) ou sur la<br />
Naissance du sentiment wallon (1957), le walloniste<br />
ne cesse <strong>de</strong> s'ouvrir à la solidarité<br />
culturelle et aux particularismes <strong>de</strong>s mentalités.<br />
Epris <strong>de</strong> justesse scientifique, Elisée Legros<br />
l'est aussi <strong>de</strong> justice sociale. En compagnie <strong>de</strong><br />
chrétiens progressistes que réunit un même idéal<br />
humaniste et pluraliste, il participe, au<br />
len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la guerre, à la création et aux<br />
activités <strong>de</strong> l'éphémère Union démocratique<br />
belge (UDB) et il intervient dans <strong>de</strong>s débats<br />
d'idées où sa conviction et sa vigueur combative<br />
dynamisent les jeunes membres qui aspirent à<br />
sortir du conservatisme et du nationalisme pour<br />
défendre les intérêts <strong>de</strong> la communauté<br />
wallonne. Tantôt sous son nom, tantôt sous le<br />
pseudonyme <strong>de</strong> Joseph Jalhay, il prend une part<br />
active aux rubriques La vie wallonne (dialectologie<br />
et histoire) et Mots et choses <strong>de</strong> Wallonie<br />
(linguistique et folklore) <strong>de</strong> Forces <strong>Nouvelle</strong>s,<br />
l' «hebdomadaire <strong>de</strong> pensée et d'action» que<br />
Léopold Levaux soumet à l'opinion publique du<br />
17 février 1945 (n°l) au 1 er août 1946 (n°73) et<br />
dont l'UDB concrétise les ambitions politiques.<br />
Sa volonté <strong>de</strong> mettre fin aux généralisations<br />
abusives répandues par la propagan<strong>de</strong> nazie à<br />
propos du caractère permanent du peuplement<br />
germanique en nos régions inspire au militant<br />
une suite <strong>de</strong> huit mises au point (Forces<br />
<strong>Nouvelle</strong>s 1945/2-5, 7-10; broché la même<br />
année sous le titre A la recherche <strong>de</strong> nos origines<br />
wallonnes; réédition en appendice dans<br />
Mémoire wallonne, 3, 1996) où, sans trahir une<br />
réalité parfois délicate, il réussit à exposer, en<br />
faisant appel à la linguistique et à l'ethnographie,