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pour l’instruction qu’il désirait.<br />
— Qui l’a percé à jour ? demanda Darellon.<br />
— Moi, répondit Émouchet. J’allais de Cimmura à Démos. C’était peu de temps avant que le roi<br />
Aldréas m’envoie en exil. Un bois s’étend à trois lieues de Démos. Passant là au crépuscule, j’aperçus<br />
une lumière étrange parmi les arbres. J’allai y regarder de plus près et je vis Martel. Il avait évoqué une<br />
sorte de créature rougeoyante. Elle émettait une vive lumière… au point que je ne pouvais distinguer son<br />
visage.<br />
— Je ne crois pas que tu aurais aimé voir son visage, Émouchet, lui dit Séphrénia.<br />
— Peut-être, en effet. Mais Martel parlait en styrique à cette créature et lui ordonnait de lui obéir.<br />
— Cela ne semble pas tellement extraordinaire, dit Komier. Nous avons tous évoqué un jour ou<br />
l’autre <strong>des</strong> esprits ou <strong>des</strong> fantômes de quelque sorte.<br />
— Ce n’était pas précisément un esprit, seigneur Komier, lui dit Séphrénia. C’était un Damork. Les<br />
Dieux Aînés de Styricum les ont créés pour leur servir d’esclaves dévoués. Les Damorks ont <strong>des</strong><br />
pouvoirs extraordinaires, mais ils n’ont pas d’âme. Un Dieu peut les appeler dans l’endroit inimaginable<br />
où ils résident et les contrôler. Mais pour un mortel, ce serait pure folie. Nul mortel n’est capable de<br />
contrôler un Damork. Ce qu’avait fait Martel est absolument interdit par tous les Dieux Cadets.<br />
— Et les Dieux Aînés ? demanda Darellon.<br />
— Les Dieux Aînés n’ont aucune règle, monseigneur… seulement <strong>des</strong> caprices et <strong>des</strong> désirs.<br />
— Mais, Séphrénia, Martel est un Élène, observa Dolmant. Peut-être ne se sentait-il pas tenu par les<br />
interdits <strong>des</strong> Dieux de Styricum.<br />
— Tant que l’on pratique les arts de Styricum, on est sujet aux Dieux styriques.<br />
— Je me demande si nous n’avons pas commis une erreur en dotant les chevaliers de l’Église de la<br />
magie styrique en même temps que d’armes conventionnelles, médita Dolmant à haute voix. Nous<br />
semblons nous immiscer dans un secteur qu’il vaudrait mieux laisser vierge.<br />
— Cette décision fut prise il y a plus de neuf cents ans, Votre Grâce, lui rappela Abriel en revenant<br />
vers la table, et si les chevaliers de l’Église n’avaient pas été versés dans la magie, les Zémochs auraient<br />
gagné la bataille <strong>des</strong> plaines de <strong>La</strong>morkand.<br />
— Peut-être, en effet.<br />
— Continue ton récit, Émouchet, suggéra Komier.<br />
— C’est presque tout, monseigneur. J’ignorais ce qu’était ce Damork avant que Séphrénia me<br />
l’apprenne par la suite, mais je savais qu’il nous était interdit de le contacter. Au bout d’un moment, il<br />
s’évanouit et je m’avançai pour m’entretenir avec Martel. Nous étions amis et je voulais le mettre en<br />
garde contre cette infraction, mais il semblait presque fou. Il proféra <strong>des</strong> menaces et me dit de m’occuper<br />
de mes affaires. Je n’avais plus le choix. Je continuai de chevaucher jusqu’à la maison mère de Démos et<br />
rendis compte de ce que j’avais vu à Vanion et Séphrénia. Elle nous expliqua ce qu’était cette créature et<br />
à quel point il était dangereux de la lancer dans notre monde. Vanion me donna ordre de prendre avec moi<br />
un certain nombre d’hommes pour appréhender Martel et le ramener pour interrogatoire à la maison mère.<br />
Il entra en fureur quand nous nous approchâmes et il se précipita sur son épée. Martel est déjà une fine<br />
lame et sa folie l’avait rendu encore plus dangereux. Je perdis deux de mes meilleurs amis ce jour-là.<br />
Nous finîmes par le maîtriser et nous le ramenâmes enchaîné à la maison mère.<br />
— Par les chevilles, je me souviens, ajouta Kalten. Émouchet sait être très direct quand il est irrité.<br />
(Il sourit à son ami.) Tu ne t’es pas rendu plus sympathique auprès de lui en agissant ainsi, Émouchet.<br />
— Ce n’était pas mon but. Il venait de tuer deux de mes amis et je voulais lui donner <strong>des</strong> raisons<br />
d’accepter mon défi quand Vanion en aurait fini avec lui.<br />
Vanion reprit son récit.<br />
— Et quand ils eurent ramené Martel à Démos, je l’interrogeai. Il n’essaya même pas de se disculper.<br />
Je le sommai de ne pas pratiquer les secrets interdits et il me défia. A ce stade, je n’avais d’autre choix