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de Séphrénia. Il avait ôté son armure et portait à présent une cotte de mailles sous une cape grise<br />
ordinaire qui ne présentait aucun insigne de son rang ou de son ordre.<br />
— C’est moi, Séphrénia, dit-il à travers les panneaux.<br />
— Entre, Émouchet.<br />
Il ouvrit la porte et entra doucement.<br />
Elle était assise dans un grand fauteuil, Flûte sur les genoux. L’enfant dormait, un petit sourire<br />
satisfait sur le visage.<br />
— Tout s’est bien passé à la basilique ? demanda-t-elle.<br />
— C’est difficile à dire. Les ecclésiastiques sont très doués pour dissimuler leurs émotions. Toi et<br />
Kalten avez-vous trouvé quelque chose sur la concentration de Styriques à Chyrellos ?<br />
Elle hocha la tête.<br />
— Ils sont concentrés dans le quartier proche de la porte Est. Ils y ont une maison qui leur sert de<br />
quartier général. Mais nous n’avons pas réussi à la localiser.<br />
— Pourquoi n’irions-nous pas la chercher ? suggéra-t-il. J’ai besoin d’action. Je me sens un peu<br />
énervé.<br />
— Énervé ? Toi, Émouchet ? L’homme de pierre ?<br />
— C’est sans doute de l’impatience. J’ai envie de partir pour Borrata.<br />
Elle secoua la tête. Puis elle se dressa, soulevant Flûte sans peine, et déposa l’enfant sur le lit. Elle<br />
recouvrit doucement la petite fille d’une couverture de laine grise. Flûte ouvrit brièvement ses yeux<br />
sombres, puis sourit et se rendormit. Séphrénia embrassa le petit visage, puis se tourna vers Émouchet.<br />
— Nous y allons ? dit-elle.<br />
— Tu l’aimes beaucoup, n’est-ce pas ? demanda Émouchet tandis qu’ils longeaient le couloir donnant<br />
sur la cour.<br />
— C’est un peu plus profond que cela. Un jour, peut-être, tu comprendras.<br />
— As-tu la moindre idée de l’endroit où peut se trouver cette maison styrique ?<br />
— Il y a un commerçant, près du marché de la porte Est, qui vend <strong>des</strong> carcasses de viande à <strong>des</strong><br />
Styriques. Le porteur qui les livre sait où se trouve la maison.<br />
— Pourquoi n’avez-vous pas interrogé ce porteur ?<br />
— Il n’était pas là hier.<br />
— Peut-être qu’il viendra travailler, aujourd’hui.<br />
— Tentons notre chance.<br />
Il s’arrêta et la regarda droit dans les yeux.<br />
— Je n’essaie pas de m’immiscer dans les secrets que tu ne désires pas révéler, Séphrénia, mais<br />
peut-on faire la différence entre les Styriques ordinaires et les Zémochs ?<br />
— C’est possible, admit-elle, sauf s’ils prennent <strong>des</strong> mesures pour dissimuler leur véritable identité.<br />
Ils <strong>des</strong>cendirent dans la cour où Kalten attendait avec Faran et la blanche haquenée de Séphrénia. Le<br />
chevalier blond avait une expression de colère peinte sur le visage.<br />
— Ton cheval m’a mordu, Émouchet, dit-il d’un ton accusateur.<br />
— Tu le connais assez pour savoir qu’il ne faut pas lui tourner le dos. Tu saignes ?<br />
— Non.<br />
— Alors, ce n’était qu’un jeu. Ça révèle qu’il t’aime bien.<br />
— Merci, fit Kalten d’une voix sans expression. Tu veux que je vous accompagne ?<br />
— Non. Il vaut sans doute mieux rester discrets et il t’arrive parfois de ne pas y parvenir.<br />
— De temps à autre, ton charme me submerge, Émouchet.<br />
— Notre serment exige que nous disions la vérité. (Émouchet aida Séphrénia à monter en selle, puis<br />
grimpa sur Faran.) Nous devrions être de retour avant la nuit annonça-t-il à son ami.<br />
— Ne vous pressez pas pour moi.