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encore un peu de logique élène, Séphrénia ? (Il se mit à égrener les informations.) Primo : le primat<br />
Annias aspire au trône de l’archiprélat. Secundo : l’opposition <strong>des</strong> quatre ordres combattants pourrait<br />
mettre un point d’arrêt à ses ambitions. Tertio : il doit discréditer ou détourner les chevaliers de l’Église.<br />
Quarto : le consul élène à Cippria est son cousin. Quinto : le consul et Martel ont travaillé ensemble. J’en<br />
ai eu la preuve personnellement, il y a dix ans.<br />
— J’ignorais qu’Elius fût parent du primat, dit l’abbé, l’air surpris.<br />
— Ils ne s’en vantent pas, lui dit Émouchet. Bien, continua-t-il, Annias veut que les chevaliers de<br />
l’Église ne soient plus à Chyrellos quand viendra le moment d’élire un nouvel archiprélat. Que feraient<br />
les chevaliers de l’Église en cas d’insurrection en Rendor ?<br />
— Nous <strong>des</strong>cendrions sur le royaume avec armes et bagages, déclara l’abbé, oubliant les précautions<br />
oratoires.<br />
— Ce qui éliminerait les ordres combattants du débat en cours à Chyrellos ?<br />
Séphrénia considéra Émouchet d’un air interrogateur.<br />
— Quel genre d’homme est cet Elius ?<br />
— Un banal opportuniste sans grande intelligence.<br />
— Il ne paraît pas très impressionnant.<br />
— Il ne l’est pas.<br />
— Quelqu’un doit donc lui donner <strong>des</strong> instructions, hein ?<br />
— Précisément. (Émouchet se retourna vers l’abbé.) Monseigneur, avez-vous un moyen de faire<br />
parvenir <strong>des</strong> messages au précepteur Abriel à votre maison mère de <strong>La</strong>rium ? Des messages qui ne<br />
puissent être interceptés ?<br />
L’abbé lui décocha un regard glacial.<br />
— Nous étions d’accord pour être francs, monseigneur. Je n’essaie pas de vous embarrasser, mais la<br />
question est <strong>des</strong> plus pressantes.<br />
— Très bien, Émouchet, répondit l’abbé avec une certaine raideur. Oui, je peux faire parvenir un<br />
message au seigneur Abriel.<br />
— Parfait. Séphrénia peut vous mettre au courant. Kurik et moi devons nous occuper d’un détail.<br />
— Qu’allez-vous faire ?<br />
— Je vais rendre visite à Elius. Il sait ce qui s’est passé et je crois pouvoir le persuader de tout nous<br />
dire. Il nous faut une confirmation de tout ceci avant que vous envoyiez le message à <strong>La</strong>rium.<br />
— C’est trop dangereux.<br />
— Moins que si Annias devient archiprélat, non ? (Émouchet réfléchit.) Auriez-vous une cellule<br />
isolée ?<br />
— Nous avons une cellule de pénitent dans la cave. <strong>La</strong> porte peut en être verrouillée, je suppose.<br />
— Parfait. Je pense que nous allons ramener Elius ici pour l’interroger. Ensuite, vous pourrez<br />
l’enfermer. Je ne pourrai le laisser repartir, une fois qu’il saura que je suis ici, et Séphrénia désapprouve<br />
les meurtres de sang-froid. S’il disparaît simplement, l’incertitude régnera quant à son sort.<br />
— Il ne fera pas de scandale quand vous l’emmènerez ?<br />
— Sans doute pas, monseigneur, lui assura Kurik en tirant sa grosse dague. (Il tapa fermement le<br />
manche contre la paume de sa main.) Je puis pratiquement vous garantir qu’il sera endormi.<br />
Les rues étaient tranquilles. <strong>La</strong> couverture nuageuse avait disparu et les étoiles brillaient vivement.<br />
— Pas de lune, dit Kurik. C’est un avantage.<br />
— Elle se lève tard depuis trois nuits.<br />
— À quelle heure ?<br />
— Il nous reste deux heures.<br />
— On aura réussi à rejoindre le monastère ?