La trilogie des Joya..

Il plia en deux une feuille de parchemin et la tendit au Rendor basané.
— A vos ordres, maître.
Ils attendirent que le bruit de la porte eût annoncé le départ du serviteur.
— C’est un assez gentil garçon, nota Voren. Terriblement bête, bien entendu. Je veille à n’engager
que des serviteurs peu brillants. Ceux qui sont intelligents sont des espions. (Ses yeux se plissèrent.)
Attendez un instant. Je veux m’assurer qu’il a bien quitté la maison.
Il traversa le jardin et entra dans le bâtiment.
— Je ne me rappelle pas l’avoir vu aussi nerveux, dit Kurik.
— Cette région rend tout le monde nerveux.
Voren fut de retour quelques instants plus tard.
— Petite mère, dit-il à Séphrénia en lui embrassant les mains. Peux-tu m’accorder ta bénédiction ?
Elle sourit, lui toucha le front et parla en styrique.
— Cela me manquait, confessa-t-il, même si je n’ai rien fait pour mériter une bénédiction, ces
derniers temps. (Il l’examina plus attentivement.) Tu ne vas pas bien, Séphrénia ?
— La chaleur, peut-être, répondit-elle en se passant lentement la main sur les yeux.
— Assieds-toi ici, dit-il en désignant son banc en marbre. C’est l’endroit le plus frais de tout Djiroch.
(Il eut un sourire.) Ce qui ne va pas loin, je l’avoue.
Elle s’assit et Flûte monta à son côté.
— Eh bien, Émouchet, dit Voren en étreignant la main de son ami, qu’est-ce qui te ramène si vite à
Djiroch ? Tu avais oublié quelque chose ?
— Rien dont je ne puisse me passer.
Voren éclata de rire.
— Tu vois quel excellent ami je suis : je n’avertirai pas Lillias de ta présence. Salut, Kurik. Comment
va Aslade ?
— Fort bien, seigneur Voren.
— Et tes fils ? Tu en as trois, n’est-ce pas ?
— Quatre, monseigneur. Le dernier est né après votre départ de Démos.
— Mes félicitations. Un peu tardives, bien sûr.
— Merci, monseigneur.
— Il faut que je te parle, dit Émouchet, et nous n’avons pas beaucoup de temps.
— Et moi qui croyais à une visite de courtoisie.
Voren poussa un soupir.
— Vanion t’a-t-il informé de ce qui se passe à Cimmura ?
Voren perdit son petit sourire ironique et acquiesça tristement.
— C’est une des raisons de ma surprise. Je croyais que vous alliez à Borrata. Y avez-vous trouvé ce
que vous cherchiez ?
— Ce que nous avons trouvé, nous tentons de le suivre à la trace… (Il serra les dents.) Voren, Ehlana
a été empoisonnée.
Voren le regarda fixement, puis lâcha un juron.
— Je me demande combien de temps il me faudrait pour rejoindre Cimmura, dit-il très froidement. Je
crois que j’aimerais modifier un peu Annias. Il aurait bien plus belle allure sans tête, tu ne penses pas ?
— Il vous faudra faire la queue, seigneur Voren, lui assura Kurik. Je connais au moins une douzaine
d’autres personnes qui nourrissent le même dessein.
Émouchet reprit sans attendre :
— Nous avons entendu parler d’un médecin à Dabour qui pourrait connaître un antidote. C’est là que
nous allons.
— Où sont Kalten et les autres ? Vanion m’a écrit que vous l’aviez avec vous.