La trilogie des Joya..

de la tente et nous pourrons continuer notre route.
— Non, lui dit Émouchet. En un rien de temps, nous aurions une horde de fanatiques à nos trousses.
— On ne va quand même pas rester ici comme ça ? demanda Kurik, incrédule.
— Laisse-moi faire, Kurik.
Ils restèrent assis à attendre dans la tente étouffante tandis que le temps s’écoulait lentement. Puis le
rabat s’ouvrit et Ulésim entra, suivi de près par deux de ses hommes.
— Je veux que tu me donnes ton nom, meneur de vaches, dit-il d’un ton arrogant.
— Je m’appelle Mahkra, seigneur Ulésim, et voici ma sœur, sa fille et mon serviteur. Puis-je
demander pour quelle raison nous sommes détenus ?
Les yeux d’Ulésim s’étrécirent.
— Il en est qui refusent d’accepter l’autorité du bien heureux Arasham, déclara-t-il. Moi, Ulésim, son
disciple favori entre tous, je me suis fixé pour but d’exterminer ces faux prophètes. Le bienheureux
Arasham s’appuie totalement sur moi.
— Cela existe encore ? s’étonna Émouchet. Je croyais que toute opposition à Arasham avait été
anéantie depuis des décennies.
— Point du tout ! Point du tout ! cria presque Ulésim. Des comploteurs et des conspirateurs se cachent
encore dans le désert et rôdent dans les villes. Je n’aurai de repos que lorsque j’aurai débusqué jusqu’au
dernier de ces criminels pour le jeter dans les flammes.
— Vous n’avez rien à craindre de moi ou de mon équipe, seigneur Ulésim, lui assura Émouchet. Nous
vénérons le bienheureux prophète de Dieu et l’honorons dans nos prières.
— À ce que tu dis, Mahkra, mais peux-tu me prouver ton identité et me convaincre que ta présence en
ville est légitime ?
Le fanatique fit une grimace à ses deux acolytes comme s’il venait de marquer un point essentiel.
— Mais oui, seigneur Ulésim, répondit calmement Émouchet. Je le pense. Nous sommes ici pour nous
entretenir avec un acheteur du nom de Mirrelek. Peut-être le connaissez-vous ?
Ulésim se rengorgea.
— Qu’aurais-je à faire avec un vulgaire marchand de bestiaux, moi qui suis le disciple favori du
bienheureux Arasham ?
L’un des sbires du disciple se pencha en avant et lui chuchota longuement dans l’oreille. L’expression
d’Ulésim se fit de plus en plus hésitante et finit par devenir carrément effrayée.
— Je vais faire venir le marchand de bestiaux dont tu as parlé, annonça-t-il à contrecœur. S’il
confirme ton histoire, fort bien, sinon, je te conduirai devant le bienheureux Arasham pour qu’il te juge.
— Comme le voudra le seigneur Ulésim, s’inclina Émouchet. Si vous pouvez demander à votre
messager de dire à Mirrelek que Mahkra est ici avec les salutations de la petite mère, je suis sûr qu’il
viendra immédiatement éclaircir toute l’affaire.
— Tu peux l’espérer, Mahkra, fit le barbu d’un ton menaçant. (Il se tourna vers le sbire qui lui avait
chuchoté dans l’oreille.) Va chercher ce Mirrelek. Répète-lui le message du meneur de vaches et ajoute
qu’Ulésim, disciple favori du bienheureux Arasham, ordonne sa venue sur-le-champ.
— Oui, favori, répondit le gaillard en se hâtant de sortir de la tente.
Ulésim foudroya Émouchet du regard pendant un bon moment, puis quitta la tente, suivi de l’autre
sycophante.
— Tu as toujours ton épée, Émouchet, dit Kurik. Pourquoi n’as-tu pas percé cette outre ? J’aurais pu
m’occuper des deux autres.
— C’était inutile. (Émouchet haussa les épaules.) Je connais assez bien Perraine pour savoir qu’il a
dû se rendre indispensable. Il ne tardera pas à arriver et remettra à sa place Ulésim-disciple-favori-dubienheureux-Arasham.
— Est-ce que tu ne viens pas de faire un pari, Émouchet ? demanda Séphrénia. Et si Perraine ne