La trilogie des Joya..

préparer à une comparaison préliminaire.
Il se détourna, écœuré, et elle éclata encore de rire.
— Puis-je faire apporter un parchemin et de l’encre princesse ? demanda Dolmant, que nous
rédigions votre démenti sur votre prétendu mariage ?
— Non, Dolmant. Votre requête marque l’intérêt de l’Église dans cette affaire. Or l’Église m’a
accordé bien peu de faveurs, ces derniers temps ; pourquoi me manifesterais-je pour son compte ? Le
peuple de Cimmura veut s’amuser de rumeurs à mon sujet ? Soit. Il s’est délecté de la vérité ; qu’il se
réjouisse d’un mensonge.
— C’est votre dernier mot ?
— Il se peut que je change d’avis. Émouchet est un chevalier de l’Église, Votre Grâce et vous êtes
patriarche. Pourquoi ne pas l’obliger à développer votre point de vue ? Je me laisse parfois convaincre
facilement… et parfois plus difficilement. Tout dépend d’où viennent les conseils.
— Je crois que notre visite est terminée, annonça Dolmant. Bonjour, princesse.
Il tourna sur les talons et commença à traverser la pelouse brunie par l’hiver.
— Reviens, Émouchet, dès que tu auras pu te débarrasser de ton ami rigoriste. Nous pourrons nous
amuser ensemble.
Émouchet tourna le dos à son tour et suivit le patriarche hors du jardin.
— Nous avons perdu notre temps, marmotta-t-il, le visage assombri par la colère.
— Mais non, mon garçon, dit Dolmant, serein. Dans sa hâte de faire mal, la princesse vient de passer
sur un point important du droit canon. Elle a librement fait un aveu en présence de deux témoins
ecclésiastiques… vous et moi. Ce qui a toute la validité d’une déclaration écrite. Il suffira de notre
témoignage sous serment concernant ses paroles.
Émouchet cligna les yeux.
— Dolmant, vous êtes l’homme le plus retors que j’aie jamais connu.
— Je suis heureux que vous approuviez, mon fils, affirma le patriarche.