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La trilogie des Joya..

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Bérit parut stupéfait.<br />

— Tu as droit à une promotion, lui dit Kurik. Tu vois comme on peut monter vite en grade, chez les<br />

pandions ? Hier novice : aujourd’hui Champion de la reine.<br />

— Je t’expliquerai cela devant Vanion, dit Émouchet à Bérit. Cette histoire n’est pas si passionnante<br />

que j’aie envie de la raconter plus d’une fois.<br />

C’était le milieu de l’après-midi quand les trois hommes ressortirent du chapitre. Bérit marchait<br />

gauchement dans l’armure inaccoutumée ; Émouchet portait une simple tunique et <strong>des</strong> hauts-de-chausses.<br />

— Je crois qu’il va pleuvoir, dit Kurik.<br />

— Tu ne fondras pas, lui assura Émouchet.<br />

— Ce n’est pas ça qui m’inquiète, répondit l’écuyer. Mais il va falloir que j’enlève encore la rouille<br />

de votre armure.<br />

— Eh oui, c’est la vie.<br />

Kurik poussa un grognement, puis tous deux hissèrent Bérit sur la selle de Faran.<br />

— Tu vas conduire ce jeune homme à Démos, dit Émouchet à son cheval. Essaie de te comporter<br />

comme si tu m’avais sur le dos.<br />

Faran lui adressa un regard interrogateur.<br />

— Ce serait trop long à t’expliquer. Tout repose sur toi, Faran, mais il porte mon armure et si tu<br />

essaies de le mordre, il est probable que tu te casseras les dents.<br />

Kurik se mit à cheval à son tour.<br />

— N’en fais pas trop en partant, lui dit Émouchet, mais assure-toi qu’on vous voie… et veille à ce<br />

que Bérit garde sa visière baissée.<br />

— Je sais ce que je fais, Émouchet. Venez donc, monseigneur.<br />

— Monseigneur ?<br />

— Autant t’y habituer, Bérit. (Kurik fit faire une volte à son cheval.) Au revoir, Émouchet.<br />

Les deux chevaliers gagnèrent le pont-levis.<br />

<strong>La</strong> fin de la journée s’écoula paisiblement. Émouchet resta assis à lire un vieux livre moisi dans la<br />

cellule que lui avait attribuée Vanion. Au coucher du soleil, il rejoignit ses frères dans le réfectoire pour<br />

le simple repas du soir, puis il les accompagna dans leur long cortège menant à la chapelle. Ses<br />

convictions religieuses manquaient de profondeur, mais il se sentait revivre en revenant aux pratiques de<br />

son noviciat. Vanion officiait ; il parla longuement de la vertu d’humilité. Selon sa vieille habitude,<br />

Émouchet s’assoupit à mi-chemin du sermon.<br />

Il fut réveillé par une voix d’ange. Un jeune chevalier aux cheveux couleur beurre et au cou semblable<br />

à une colonne de marbre éleva sa voix claire de ténor en un hymne de louanges. Son visage brillait ; ses<br />

yeux étaient emplis d’adoration.<br />

— Étais-je si ennuyeux ? demanda Vanion en emboîtant le pas à Émouchet au moment de quitter la<br />

chapelle.<br />

— Probablement pas, répondit Émouchet, mais je ne suis pas en position d’en juger impartialement.<br />

Leur as-tu raconté celle de la simple marguerite qui est aussi belle que la rose aux yeux de Dieu ?<br />

— Tu l’avais déjà entendue ?<br />

— Fréquemment.<br />

— Les plus anciennes sont les meilleures.<br />

— Qui est ton ténor ?<br />

— Sire Parasim. Il vient de gagner ses éperons.<br />

— Je ne voudrais pas t’inquiéter, Vanion, mais il est trop bien pour ce bas monde.<br />

— Je le sais.<br />

— Dieu va sans doute l’appeler très vite à ses côtés.<br />

— C’est le travail de Dieu, n’est-ce pas, Émouchet ?

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