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La trilogie des Joya..

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— À deux toits d’ici. Il y a une femme allongée.<br />

— Comment sais-tu que c’est une femme ?<br />

— Parce qu’elle est nue comme un ver, tiens !<br />

— Oh, c’est ça ? C’est une ancienne coutume rendor. Elle attend le lever de la lune. Ils croient que<br />

les premiers rayons de la lune sur le ventre d’une femme accroissent sa fertilité. Une superstition.<br />

— Elle ne nous verra pas ?<br />

— Elle ne dira rien si elle nous voit. Elle est très occupée à attendre la lune. Dépêche, Kurik. Ne<br />

reste pas là à la fixer comme ça.<br />

Ils se débattirent pour pousser une poutre par-<strong>des</strong>sus la ruelle étroite, d’autant plus péniblement que<br />

leur force de levier diminuait à mesure que la poutre s’éloignait. Finalement, le madrier récalcitrant<br />

s’abattit sur le mur du consulat. Ils firent glisser d’autres poutres sur la première, puis les rabattirent afin<br />

de former un pont étroit. À la dernière, Kurik lâcha soudain un juron étouffé.<br />

— Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda Émouchet.<br />

— Comment sommes-nous montés sur ce toit, Émouchet ? demanda amèrement Kurik.<br />

— Nous avons grimpé sur un madrier.<br />

— Et où voulions-nous aller ?<br />

— Sur le toit du consulat, là-bas.<br />

— Alors, pourquoi faisons-nous un pont ?<br />

— Parce que… (Émouchet s’arrêta, se sentant soudain ridicule.) Nous aurions pu nous contenter<br />

d’appuyer un madrier contre le toit du consulat, n’est-ce pas ?<br />

— Félicitations, monseigneur, dit Kurik, sarcastique.<br />

— Le pont était une solution tellement parfaite à notre problème, dit Émouchet, sur la défensive.<br />

— Mais totalement inutile.<br />

— Cela n’invalide pas vraiment la solution, n’est-ce pas ?<br />

— Bien sûr que non.<br />

— Pourquoi ne pas traverser, à présent ?<br />

— Allez-y. Je crois que je vais bavarder avec la dame toute nue pendant un petit moment.<br />

— Allons, Kurik. Elle a autre chose à l’esprit.<br />

— Je suis en quelque sorte expert en matière de fertilité, si c’est ce qui la tracasse.<br />

— Allons-y, Kurik.<br />

Ils traversèrent leur pont de fortune jusqu’en haut du toit du consulat et atteignirent un emplacement où<br />

les branches d’un figuier bien irrigué montaient de l’obscurité. Ils <strong>des</strong>cendirent par l’arbre et restèrent un<br />

moment à côté du tronc tandis qu’Émouchet s’orientait.<br />

— Vous ne sauriez pas où se trouve la chambre à coucher du consul ? chuchota Kurik.<br />

— Non, répondit doucement Émouchet, mais je peux le deviner. C’est le consulat élène et tous les<br />

bâtiments officiels élènes sont plus ou moins semblables. Les appartements particuliers sont au premier, à<br />

l’arrière.<br />

— Très bien. Cela réduit considérablement notre tâche. Nous n’avons plus à fouiller qu’un quart de la<br />

bâtisse.<br />

Ils traversèrent un jardin obscur et entrèrent par une porte de derrière non verrouillée. Ils passèrent<br />

dans une cuisine dans le noir et un vestibule central mal éclairé. Kurik ramena brutalement Émouchet dans<br />

la cuisine.<br />

— Qu’est… commença à protester Émouchet.<br />

— Chut !<br />

Dans le vestibule apparaissait le lumignon d’une chandelle. Une matrone, intendante ou cuisinière, se<br />

dirigeait vers la porte. Émouchet se ratatina. Puis elle saisit la poignée et referma énergiquement la porte.<br />

— Comment savais-tu qu’elle arrivait ? chuchota Émouchet.

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