La trilogie des Joya..

palefreniers sortirent de l’écurie.) Occupez-vous des montures de ces visiteurs et de leur chariot, ordonna
le marquis. (Puis il posa la main sur l’épaule de Bévier.) Entrez. Ma maison vous appartient.
Ils le suivirent jusqu’à une pièce agréablement meublée dotée de coussins et d’une cheminée où
crépitaient des bûches.
— Je vous en prie, mes amis, asseyez-vous, dit Lycien avant de les examiner d’un air méditatif. Votre
affaire ecclésiastique doit être très importante, Bévier, supputa-t-il. D’après leur apparence, je dirais que
tes amis représentent les quatre ordres militaires.
— Votre regard est pénétrant, marquis, dit Émouchet.
— Est-ce que je vais avoir des ennuis pour vous avoir accueillis ? demanda Lycien en souriant. Ce
n’est pas grave. J’aimerais simplement pouvoir m’y préparer.
— C’est assez peu probable, lui assura Émouchet. En particulier si notre mission réussit. Dites-moi,
monseigneur, avez-vous des contacts au port ?
— Très vastes, sire…
— … Émouchet, acheva le pandion.
— Le Champion de la reine d’Élénie ? (Lycien parut surpris.) J’avais entendu dire que vous étiez
revenu de votre exil en Rendor ; mais n’êtes-vous pas un peu loin de Cimmura pour protéger la dame que
vous servez ?
— Vous paraissez bien informé, monseigneur.
— J’ai des contacts commerciaux, fit Lycien en haussant les épaules. C’est ce qui m’a valu la
disgrâce de ma famille. Mes agents et les capitaines de mes navires recueillent de nombreuses
informations.
— Je crois deviner, monseigneur, que vous n’éprouvez aucune sympathie particulière pour le primat
de Cimmura ?
— Cet homme est un scélérat.
— C’est exactement notre sentiment, intervint Kalten.
— Très bien, donc, monseigneur, dit Émouchet. Nous sommes impliqués dans une tentative contre le
pouvoir croissant d’Annias. Si nous réussissons, nous pourrons lui barrer la route. Je vous en dirais
davantage, mais je ne veux pas vous mettre en danger.
— Je vous en sais gré, sire Émouchet. Dites-moi de quelle manière je puis vous être utile.
— Trois d’entre nous doivent se rendre à Cippria, répondit Émouchet. Pour votre sécurité, il vaudrait
mieux que nous empruntions le bâtiment d’un capitaine indépendant au lieu de l’un de vos vaisseaux. Si
vous pouvez nous indiquer quelqu’un avec éventuellement une lettre d’introduction discrètement rédigée,
nous pourrons nous occuper du reste.
— Émouchet, dit brutalement Kurik en examinant la pièce, où est passé Talen ?
Émouchet se retourna brutalement.
— Je croyais qu’il nous suivait.
— Moi aussi.
— Bérit, retrouve-le.
— Tout de suite, monseigneur, fit le novice en quittant précipitamment la pièce.
— Un problème ? demanda Lycien.
— Un gamin difficile, cousin, lui apprit Bévier. J’ai l’impression qu’il faut le surveiller d’assez près.
— Bérit va le retrouver. (Kalten éclata de rire.) J’ai beaucoup de confiance en ce jeune homme.
Talen reviendra peut-être avec quelques bosses et ecchymoses, mais je suis sûr que cela aura eu un
intérêt éducatif.
— Eh bien, si tout est au point, dit Lycien, pourquoi n’avertirais-je pas la cuisine ? Je suis sûr que
vous êtes affamés. Et en attendant, un peu de vin, peut-être… ? (Il afficha une expression de piété
visiblement feinte.) Je sais que les chevaliers de l’Église sont tempérants, mais quelques gouttes de vin,