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La trilogie des Joya..

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— N’en laisse jamais un comme ça derrière toi, dit le gros blond. Même un manchot peut te<br />

poignarder dans le dos. D’ailleurs, ce n’est pas très propre. Il faut toujours finir son travail avant d’en<br />

commencer un autre.<br />

Sa main gauche étreignait toujours son flanc.<br />

— Ça va ? lui demanda Émouchet.<br />

— Simple égratignure.<br />

— Les égratignures ne saignent pas comme ça. Fais voir.<br />

L’estafilade était de belle taille, mais ne paraissait pas trop profonde. Émouchet déchira la blouse<br />

d’une <strong>des</strong> victimes et en fit un tampon.<br />

— Appuie <strong>des</strong>sus. Il faut ralentir le saignement.<br />

— J’ai déjà vu ça, Émouchet. Je sais ce qu’il faut faire.<br />

Émouchet considéra les corps qui jonchaient la ruelle.<br />

— Je crois qu’on devrait s’en aller. Tout ce bruit risque d’éveiller l’attention du voisinage. (Il fronça<br />

les sourcils.) Tu n’as rien remarqué de bizarre chez ces types ?<br />

Kalten haussa les épaules.<br />

— Ils étaient assez nuls.<br />

— Ce n’est pas ce que je veux dire. Les spadassins professionnels ne soignent guère leur apparence ;<br />

or, ces gens-là sont tous rasés de frais. (Il retourna l’un <strong>des</strong> cadavres et ouvrit sa blouse en toile.) Voilà<br />

qui est intéressant.<br />

Sous sa blouse, le mort portait une tunique rouge avec un emblème brodé sur le côté gauche de la<br />

poitrine.<br />

— Des soldats de l’Église, grogna Kalten. Se pourrait-il qu’Annias ne nous apprécie point ?<br />

— Cela n’a rien d’improbable. Partons d’ici. Les survivants ont pu aller chercher <strong>des</strong> renforts.<br />

— Le chapitre, alors… ou l’auberge ?<br />

Émouchet secoua la tête.<br />

— Quelqu’un a percé notre déguisement et on peut prévoir que nous nous rendrons là.<br />

— Tu n’as peut-être pas tort. Que proposes-tu ?<br />

— Je connais un endroit. Tu peux marcher ?<br />

— Je peux aller aussi loin que toi. Je suis le plus jeune, tu te rappelles ?<br />

— De six semaines.<br />

— Mais plus jeune quand même. N’ergotons pas.<br />

Ils glissèrent leurs épées sous la ceinture et sortirent de la ruelle. Émouchet soutenait son ami blessé<br />

tandis qu’ils s’avançaient en terrain découvert.<br />

<strong>La</strong> rue se fit progressivement plus minable et ils ne tardèrent pas à entrer dans un labyrinthe de ruelles<br />

non pavées. Les bâtiments délabrés grouillaient de gens vêtus grossièrement qui semblaient indifférents à<br />

la misère ambiante.<br />

— Un vrai trou à rats, non ? fit Kalten. C’est encore loin ?<br />

— Juste après ce croisement.<br />

Kalten grogna et étreignit un peu plus son flanc.<br />

Ils continuèrent leur route. Les habitants leur jetaient <strong>des</strong> regards hostiles. Les vêtements de Kalten le<br />

désignaient comme un membre de la caste au pouvoir et ces gens du fin fond n’avaient guère d’affection<br />

pour les courtisans et leurs domestiques.<br />

Après le croisement, Émouchet conduisit son ami dans une ruelle boueuse. Ils en avaient parcouru la<br />

moitié quand un homme corpulent avec une pique rouillée dans les mains leur barra la route.<br />

— Où pensez-vous que vous allez ? voulut-il savoir.<br />

— Il faut que je parle à Platime, répondit Émouchet.<br />

— Je pense pas qu’il veuille entendre ce que tu as à lui dire. Si tu es malin, tu auras quitté le quartier

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