La trilogie des Joya..

détails de cet acte criminel. J’attends leur rapport pour la semaine prochaine. En attendant, je
recommande que les chevaliers pandions soient tous désarmés et confinés à leur chapitre pour prévenir
de nouvelles atrocités.
Le roi Obler caressa sa longue barbe grise.
— En la circonstance, il s’agit là d’une ligne de conduite prudente. (Il se tourna vers Darellon,
Précepteur des chevaliers alcions.) Monseigneur Darellon, dit-il, envoyez un messager en Deira. Diteslui
de ramener vos chevaliers en Elénie. Ils devront assister les autorités civiles pour désarmer et retenir
les pandions.
— Aux ordres de Votre Majesté, répondit Darellon en foudroyant Vanion du regard.
Le vieux roi de Deira considéra Wargun et Drégos.
— Je conseillerais fortement que cyriniques et génidiens envoient également des forces. Enfermons
hermétiquement ces pandions avant de pouvoir séparer les innocents des coupables.
— Veillez-y, Komier, dit le roi Wargun.
— Envoyez aussi vos chevaliers, Abriel, ordonna le roi Drégos au Précepteur des cyriniques. (Il fixa
Vanion d’un regard empli de haine.) Je souhaite que vos séides essaient de résister, ajouta-t-il avec
férocité.
— Cette idée est remarquable, Vos Majestés, dit Annias en s’inclinant. Je suggérerai de plus que, dès
réception de la confirmation des meurtres, Vos Majestés, ces deux honnêtes témoins et moi-même nous
rendions à Chyrellos. Là, nous pourrons présenter toute l’affaire à la Hiérocratie de l’Église et à
l’archiprélat lui-même, tout en recommandant fortement que l’ordre des Pandions soit dissous. Cet ordre
est sous l’autorité de l’Église et seule l’Église peut prendre une décision définitive.
— Bien dit, grinça Drégos. Débarrassons-nous de cette peste une bonne fois pour toutes.
Un mince sourire effleura les lèvres du primat. Puis il broncha et son visage blêmit mortellement au
moment où Séphrénia lança son contre-charme.
C’est alors que Dolmant s’avança, rejetant en arrière le capuchon de sa bure pour révéler son visage.
— Puis-je prendre la parole, Vos Majestés ?
— V… Votre Grâce, bégaya Annias sous la surprise. J’ignorais que vous étiez à Cimmura.
— Je l’espérais bien, Annias. Comme vous l’avez signalé avec justesse, les pandions sont sous
l’autorité de l’Église. En tant qu’ecclésiastique prééminent en ce lieu, il convient que je prenne en charge
cette enquête. Soyez loué pour la façon dont vous avez mené l’affaire jusqu’à présent.
— Mais…
— Ce sera tout, Annias.
Ainsi lui donna congé Dolmant. Il se tourna alors vers les rois et Lychéas, qui le fixait, bouche bée.
— Vos Majestés, commença le patriarche en allant et venant, les mains croisées derrière le dos
comme s’il était profondément plongé dans ses pensées. Cette accusation est grave. Réfléchissons donc
au caractère des accusateurs. D’un côté, nous avons un marchand inconnu, et, de l’autre, un serf en fuite.
L’accusé, quant à lui, est le Précepteur d’un ordre des chevaliers de l’Église, homme dont l’honneur a
toujours été incontestable. Pourquoi un homme du rang du seigneur Vanion commettrait-il un tel crime ?
En vérité, nous n’avons pas encore reçu de preuve tangible que ce crime ait été perpétré. Ne mettons
point la charrue avant les bœufs.
— Ainsi que je l’ai dit Votre Grâce, précisa Annias, j’ai dépêché des soldats de l’Église en Arcie
pour examiner le théâtre du crime. Je leur ai également donné ordre de retrouver les hommes d’Église qui
se trouvaient dans le château du comte Radun et ont assisté à cette horreur, afin de les ramener à
Cimmura. Leurs comptes rendus ne devraient laisser subsister aucun doute.
— Ah, oui, acquiesça Dolmant. Aucun doute. Je crois toutefois pouvoir être en mesure de gagner un
peu de temps. Il se fait que j’ai avec moi un homme qui a assisté à ce qui s’est passé au château du comte
Radun et je ne pense pas que son témoignage puisse être mis en doute par quiconque. (Il regarda le comte