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verserait beaucoup de larmes si quelque chose leur arrivait. (Il se mit à arpenter songeusement la pièce.)<br />
Peut-être pourrons-nous lui renvoyer la balle. (Il regarda Kalten.) Pourquoi ne te ferais-tu pas voir dans<br />
les rues de Madel ? suggéra-t-il. Ne cours pas trop de risques, mais arrange-toi pour qu’on voie que tu es<br />
en ville.<br />
— Pourquoi pas ? fit Kalten en haussant les épaules.<br />
Tynian eut un large sourire.<br />
— Martel et ses séi<strong>des</strong> ne nous connaissent pas, nous pourrons flâner derrière Kalten sans attirer<br />
l’attention. C’est ça que tu as en tête ?<br />
— S’ils s’imaginent que Kalten est seul, ils peuvent se découvrir. Je suis un peu las <strong>des</strong> jeux de<br />
Martel ; peut-être pourrons-nous l’amener à jouer aux nôtres. (Il considéra le cousin de Bévier.)<br />
Comment réagissent les autorités en cas de bagarres de rues, monseigneur ?<br />
Lycien éclata de rire.<br />
— Madel est un port maritime, sire Émouchet. Les bagarres sont dans la nature <strong>des</strong> marins. Les<br />
autorités ne prêtent guère attention à leurs petites querelles… à ceci près qu’elles évacuent les corps,<br />
bien entendu. Question purement sanitaire.<br />
— Parfait. (Émouchet regarda ses amis.) Vous ne tomberez peut-être pas sur Krager ou Adus, mais<br />
vous pourrez disperser l’attention de Martel. Ce qui peut nous permettre d’embarquer discrètement. Je<br />
préférerais ne pas avoir à regarder sans cesse par-<strong>des</strong>sus mon épaule à Cippria.<br />
— <strong>La</strong> partie délicate sera de vous conduire au port, intervint Kalten.<br />
— Vous n’aurez pas à vous rendre au port, dit Lycien. J’ai <strong>des</strong> entrepôts sur le fleuve à cinq milles<br />
d’ici. Bon nombre de capitaines indépendants m’y livrent leur cargaison et je suis sûr que votre voyage<br />
pourra être organisé sans que vous ayez à rentrer en ville.<br />
— Merci, monseigneur. Voilà un problème résolu.<br />
— Quand avez-vous prévu de partir ? demanda Tynian.<br />
— Je ne vois pas l’utilité de s’attarder.<br />
— Demain, donc ?<br />
Émouchet acquiesça de la tête.<br />
— Il faut que je m’entretienne avec toi, Émouchet annonça Séphrénia. Ça ne te fait rien de me<br />
rejoindre dans ma chambre ?<br />
Il la suivit, légèrement intrigué.<br />
— Une chose dont nous ne pouvons parler devant les autres ?<br />
— Mieux vaudrait qu’ils ne nous entendent pas discuter.<br />
— Nous allons discuter ?<br />
— Probablement.<br />
Elle ouvrit la porte de sa chambre et le fit entrer. Flûte était assise en tailleur sur le lit, ses sourcils<br />
bruns froncés sous la concentration tandis qu’elle tissait le filet complexe d’un berceau avec un bout de<br />
fil en laine. Il était bien plus compliqué que celui que Talen lui avait montré. Elle leva les yeux, leur<br />
sourit et tendit fièrement ses petites mains pour leur montrer son ouvrage.<br />
— Elle nous accompagne, Émouchet, annonça Séphrénia.<br />
— Il n’en est pas question !<br />
— Je t’avais bien dit que nous discuterions.<br />
— C’est une idée absurde, Séphrénia.<br />
— Nous faisons tous <strong>des</strong> choses absur<strong>des</strong>, mon petit, dit-elle avec un sourire affectueux.<br />
— Tu ne m’auras pas comme ça.<br />
— Ne me fatigue pas, Émouchet. Tu la connais depuis assez longtemps pour savoir qu’elle fait<br />
toujours ce qu’elle veut et elle a décidé de nous accompagner en Rendor.<br />
— Pas si j’ai droit à la parole.