La trilogie des Joya..

Parasim.
Émouchet avança Faran contre le flanc de sa blanche haquenée.
— Tu vas bien ? lui demanda-t-il doucement.
— Pas tellement.
— Qu’y a-t-il ? fit-il, soudain inquiet.
— Parasim était l’un des douze chevaliers dans la salle du trône à Cimmura. (Elle poussa un soupir.)
Je viens d’endosser son fardeau en plus du mien.
Elle fit un petit geste avec son épée.
— Tu n’es pas malade, quand même ?
— Non, pas de la façon dont tu l’entends. C’est simplement qu’il va me falloir un certain temps pour
m’habituer à ce poids supplémentaire.
— Existe-t-il une manière dont je puisse t’en soulager ?
— Non, mon petit.
Il inspira profondément.
— Séphrénia, est-ce que ce qui est arrivé aujourd’hui à Parasim fait partie de ce que doivent subir les
douze chevaliers ?
— Il est impossible de le savoir, Émouchet. Le contrat que nous avons passé avec les Dieux Cadets
n’était pas aussi détaillé. (Elle eut un faible sourire.) Si un autre des chevaliers meurt durant cette lune,
nous saurons qu’il ne s’agissait que d’un accident, sans rapport aucun avec le contrat.
— Nous allons en perdre un chaque mois ?
— Chaque lune, le reprit-elle. Tous les vingt-huit jours. Les Dieux Cadets tendent à se montrer
méthodiques en la matière. Ne t’inquiète pas pour moi, Émouchet. J’irai mieux dans un petit moment.
Il y avait une soixantaine de lieues du château du comte jusqu’à la ville de Darra et, le matin du
quatrième jour de leur voyage, ils franchirent la crête d’une colline et purent contempler à leurs pieds les
toits en tuiles rouges et les centaines de cheminées qui lançaient de pâles colonnes de fumée bleue droit
dans l’air immobile. Un chevalier pandion en armure noire les attendait sur la crête.
— Sire Émouchet, dit-il en relevant sa visière.
— Sire Olven, répondit Émouchet en reconnaissant le visage couturé de cicatrices.
— J’ai un message pour toi de la part du précepteur Vanion. Il te donne pour instruction de rejoindre
Cimmura avec la plus grande diligence.
— Cimmura ? Pourquoi ce changement de plan ?
— Le roi Drégos s’y trouve et il a invité Wargun de Thalésie ainsi qu’Obler de Deira à le retrouver.
Il veut enquêter sur la maladie de la reine Ehlana… et la désignation du bâtard Lychéas en tant que prince
régent. Vanion croit qu’Annias va lancer ses accusations contre notre ordre lors de la réunion de ce
Conseil afin de détourner une investigation qui peut s’avérer embarrassante.
Émouchet lâcha un juron.
— Bérit a désormais sur nous une avance respectable. Tous les rois sont-ils déjà à Cimmura ?
Olven acquiesça de la tête.
— Le roi Obler est trop âgé pour voyager très rapidement et il faudra probablement une semaine au
roi Wargun pour se dessaouler avant de pouvoir quitter Emsat.
— Ne parions point là-dessus. Nous allons couper à travers champs jusqu’à Démos, puis chevaucher
droit vers Cimmura. Vanion se trouve-t-il encore à Chyrellos ?
— Non. Il a traversé Démos pour se diriger vers Cimmura. Le patriarche Dolmant l’accompagnait.
— Dolmant ? fit Kalten. Voilà qui est surprenant. Qui dirige l’Église ?
— Sire Kalten… répondit raidement le comte Radun. La direction de l’Église est entre les mains de
l’archiprélat.
— Pardon, monseigneur. Je sais combien les Arciens respectent l’Église, mais faisons preuve