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Ils arrivèrent à la cime d’une colline peu élevée et aperçurent la ville de Dabour à leurs pieds. On<br />
voyait les habituelles maisons blanchies groupées près du fleuve, mais, plus loin, dispersées dans toutes<br />
les directions, <strong>des</strong> centaines de gran<strong>des</strong> tentes noires. Émouchet s’abrita les yeux de la main et scruta la<br />
ville.<br />
— Les enclos pour le bétail sont là-bas, annonça-t-il en indiquant le côté oriental de la ville. C’est<br />
par là que nous devrions trouver Perraine.<br />
Ils <strong>des</strong>cendirent la colline en contournant les bâtiments et les tentes. Comme ils allaient traverser un<br />
dernier groupe de tentes qui les séparait <strong>des</strong> enclos, un nomade barbu avec un bout de verroterie en<br />
pendentif accroché à une chaîne sortit d’une tente pour leur barrer la route.<br />
— Où croyez-vous aller ?<br />
Il fit de la main un geste impérieux et une douzaine d’hommes en robe noire apparurent, de longues<br />
piques à la main.<br />
— Nous avons à faire aux enclos, noble seigneur, répondit doucement Émouchet.<br />
— Oh, vraiment ? se moqua le barbu. Je ne vois pas de bovins.<br />
Il tourna les yeux vers ses acolytes avec une grimace de satisfaction, comme s’il était<br />
merveilleusement réjoui par sa repartie.<br />
— Les vaches arrivent, noble seigneur. Nous avons été envoyés pour procéder aux préparatifs.<br />
L’homme au pendentif fronça les sourcils en cherchant la parade.<br />
— Sais-tu qui je suis ? demanda-t-il d’une voix belliqueuse.<br />
— Non, je le crains, noble seigneur, s’excusa Émouchet. Je n’ai pas eu le plaisir de faire votre<br />
connaissance.<br />
— Tu te crois très malin, n’est-ce pas ? Toutes ces réponses cauteleuses ne m’abusent en rien.<br />
— Je n’essayais pas de vous tromper, voisin, dit Émouchet avec une légère acidité dans la voix, mais<br />
simplement d’être poli.<br />
— Je suis Ulésim, disciple favori du bienheureux Arasham, dit le barbu en se tapant du poing sur la<br />
poitrine.<br />
— Je suis confondu sous l’honneur de faire votre connaissance, dit Émouchet en s’inclinant sur sa<br />
selle.<br />
— C’est tout ce que tu as à dire ? s’exclama Ulésim, les yeux exorbités sous l’insulte.<br />
— Comme je l’ai dit, seigneur Ulésim, je suis confondu. Je ne m’attendais pas à être accueilli par un<br />
homme aussi illustre.<br />
— Je ne suis pas ici pour t’accueillir, meneur de vaches. Je suis ici pour t’emprisonner. Descendez<br />
de vos montures.<br />
Émouchet lui accorda un regard appuyé en évaluant la situation. Puis il sauta de Faran et aida<br />
Séphrénia à mettre pied à terre.<br />
— Qu’y a-t-il, Émouchet ? lui chuchota-t-elle tandis qu’elle prenait Flûte.<br />
— Je crois que nous avons là un petit lécheur de bottes qui essaie d’affirmer son importance. Comme<br />
nous ne voulons pas d’ennuis, obéissons-lui.<br />
— Emmenez les prisonniers dans ma tente, ordonna Ulésim hautainement après une hésitation, car le<br />
disciple favori ne semblait pas savoir précisément quoi faire.<br />
Les piquiers s’avancèrent, menaçants, et l’un d’eux les conduisit vers une tente surmontée d’une<br />
bannière flasque en tissu d’un vert crasseux.<br />
On les poussa rudement dans la tente et le rabat en fut refermé.<br />
— Des amateurs, marmotta Kurik. Ils tiennent leurs piques comme <strong>des</strong> crosses de bergers et ils ne<br />
nous ont même pas fouillés.<br />
— Peut-être, dit doucement Séphrénia, mais ils se sont débrouillés pour nous faire prisonniers.<br />
— Pas pour longtemps, grogna Kurik en prenant sa dague sous sa robe. Je vais tailler un trou au fond