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femmes, ils ont terriblement torturé le comte, puis ils l’ont décapité. Après cela, ils ont chassé les<br />
hommes d’Église hors du château et ont pillé les lieux.<br />
— Merci, Tessera, dit Annias.<br />
Il fit signe à un autre de ses soldats et le garde alla jusqu’à la même porte pour faire entrer un homme<br />
vêtu d’une blouse de paysan. Le paysan avait un petit air furtif et tremblait manifestement.<br />
— Donne-nous ton nom, camarade, ordonna Vanion.<br />
— Je m’appelle Verl, Votre Grâce, et je suis un honnête serf sur le domaine du comte Radun.<br />
— Et pourquoi es-tu à Cimmura ? Un serf ne peut quitter le domaine de son maître sans permission.<br />
— Je me suis enfui, Votre Grâce, après le meurtre du comte et de toute sa famille.<br />
— Peux-tu nous dire ce qui s’est passé ? As-tu été le témoin de cette atrocité ?<br />
— Pas directement, Votre Grâce. Je travaillais dans un champ près du château quand j’ai aperçu un<br />
groupe important d’hommes en armure noire qui portaient les bannières <strong>des</strong> chevaliers pandions et qui<br />
quittaient le château à cheval. L’un d’eux avait la tête du comte au bout de sa lance. Je me suis caché et<br />
j’ai pu les entendre qui bavardaient et riaient en passant.<br />
— Que disaient-ils ?<br />
— Celui qui portait la tête du comte disait : « Nous devons rapporter ce trophée à Démos pour<br />
prouver au seigneur Vanion que nous avons exécuté ses ordres. » Après leur passage, j’ai couru jusqu’au<br />
château et je n’y ai trouvé que <strong>des</strong> cadavres. J’avais peur que les pandions reviennent, alors je me suis<br />
enfui.<br />
— Pourquoi es-tu venu à Cimmura ?<br />
— Pour vous rapporter ce crime, Votre Grâce, et me placer sous votre protection. J’avais peur, si je<br />
restais en Arcie, que les pandions me pourchassent et me tuent.<br />
— Pourquoi avez-vous fait cela ? demanda Drégos à Vanion. Mon oncle n’avait jamais offensé votre<br />
ordre.<br />
Les autres rois foudroyaient aussi le Précepteur pandion d’un regard accusateur.<br />
Drégos se tourna vers le prince Lychéas.<br />
— J’exige que ce meurtrier soit enchaîné !<br />
Lychéas tenta sans grand succès de paraître royal.<br />
— Votre demande est raisonnable, Votre Majesté, dit-il d’une voix nasale. (Il jeta un regard rapide à<br />
Annias pour se rassurer.) Nous ordonnons donc que le mécréant Vanion soit…<br />
— Hum, excusez-moi, Vos Majestés, s’interposa le comte de Lenda, mais, selon la loi, Vanion a le<br />
droit de présenter sa défense.<br />
— Quelle pourrait bien être cette défense ? demanda Drégos d’une voix écœurée.<br />
Émouchet et les autres étaient restés au fond de la salle du Conseil. Séphrénia fit un petit geste et<br />
Émouchet se pencha vers elle.<br />
— Il y a ici quelqu’un qui utilise la magie, chuchota-t-elle. C’est ce sort qui rend les rois si crédules<br />
devant ces accusations puériles.<br />
— Peux-tu le repousser ?<br />
— Seulement si je sais qui le jette.<br />
— C’est Annias. Il a essayé un maléfice contre moi à mon retour de Cimmura.<br />
— Un ecclésiastique ? (Elle paraissait surprise.) Très bien. Je m’en occupe.<br />
Ses lèvres commencèrent à bouger et elle fourra les mains dans ses manches pour dissimuler ses<br />
gestes.<br />
— Eh bien, Vanion, railla Annias, qu’avez-vous à dire pour vous défendre ?<br />
— Il est évident que ces hommes mentent, répondit Vanion d’un ton méprisant.<br />
— Pourquoi mentiraient-ils ? (Annias se tourna vers les rois assis devant lui.) Dès l’audition de ces<br />
témoins, j’ai dépêché une troupe de soldats de l’Église jusqu’au château du comte pour vérifier les