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La trilogie des Joya..

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— Je suis au courant, fit amèrement Sorgi. J’ai passé trois jours à chercher le cuistot, la dernière fois<br />

que j’étais à Djiroch. (Il regarda Séphrénia, qui portait aussi une robe noire et avait le visage couvert<br />

d’un voile épais.) Où avez-vous découvert quelque chose qui lui aille aussi bien ? Aucun de mes matelots<br />

n’est aussi petit.<br />

— Elle est très habile à jouer de l’aiguille.<br />

Émouchet ne jugea pas nécessaire d’expliquer exactement de quelle manière Séphrénia avait changé<br />

la couleur de sa robe blanche.<br />

Sorgi gratta ses cheveux bouclés.<br />

— Je n’arrive pas à saisir pourquoi la plupart <strong>des</strong> Rendors s’habillent en noir. Ils ne savent pas que<br />

c’est une couleur qui capte la chaleur ?<br />

— Peut-être qu’ils ne s’en sont pas encore rendu compte, répondit Émouchet. Il n’y a que cinq cents<br />

ans qu’ils sont ici.<br />

Sorgi s’esclaffa.<br />

— C’est sans doute ça. Enfin, bonne chance à Cippria maître Cluff. Si je rencontre <strong>des</strong> cousins, je<br />

leur dirai que je n’ai jamais entendu parler de vous.<br />

— Merci, capitaine, dit Émouchet en serrant la main de Sorgi. Vous ne pouvez savoir combien<br />

j’apprécie cette attention.<br />

Ils firent <strong>des</strong>cendre leurs chevaux sur l’appontement. Sur la suggestion de Kurik, ils mirent <strong>des</strong><br />

couvertures sur leurs selles : on ne verrait pas qu’elles étaient d’origine étrangère. Ils attachèrent leurs<br />

ballots aux selles et s’éloignèrent du port d’un pas discret. Les rues grouillaient de monde. Les citadins<br />

portaient parfois <strong>des</strong> vêtements de couleurs plus claires, mais les gens du désert ne connaissaient que le<br />

noir et relevaient leurs cagoules. Les femmes étaient rares et toutes voilées. Séphrénia chevauchait avec<br />

soumission derrière Émouchet et Kurik, la capuche bien en avant, le voile relevé sur le nez et la bouche.<br />

— Tu connais leurs coutumes d’ici, à ce que je vois, dit Émouchet.<br />

— Je suis venue il y a bien <strong>des</strong> années, répondit-elle en rabattant sa robe autour <strong>des</strong> genoux de Flûte.<br />

— Combien d’années ?<br />

— Voudrais-tu que je te réponde que Cippria n’était qu’un village de pêcheurs à l’époque ? demandat-elle<br />

sèchement. Avec une vingtaine de huttes ?<br />

Il se retourna pour la regarder fixement.<br />

— Séphrénia, Cippria est un important port maritime depuis quinze cents ans.<br />

— Mon Dieu, cela fait-il si longtemps ? J’ai l’impression que c’était hier. Comme le temps peut<br />

passer…<br />

— C’est impossible !<br />

Elle éclata d’un rire joyeux.<br />

— Que tu es naïf, parfois, Émouchet. Tu sais que je ne répondrai pas à ce genre de questions, alors<br />

pourquoi t’entêter à me les poser ?<br />

Il se sentit penaud.<br />

— Je suppose que je l’avais cherché, n’est-ce pas ?<br />

— Oui, exactement.<br />

Kurik arborait un large sourire.<br />

— Vas-y, ne te gêne pas, lui dit Émouchet.<br />

— Pour quoi faire ? fit Kurik, les yeux écarquillés d’innocence.<br />

Ils se mêlèrent aux Rendors dans les rues étroites et tortueuses. Malgré les nuages, Émouchet sentait<br />

la chaleur irradier <strong>des</strong> murs blanchis <strong>des</strong> maisons et <strong>des</strong> boutiques. Il percevait aussi les senteurs<br />

familières. L’air était lourd et poussiéreux, chargé <strong>des</strong> odeurs de mouton mijotant dans l’huile d’olive et<br />

les épices piquantes, de parfums entêtants et d’exhalaisons persistantes en provenance <strong>des</strong> parcs a<br />

bestiaux.

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