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envergure. Les deux faux témoins sembleraient en avoir fait partie, un signal a dû les avertir du moment<br />
où ils pourraient venir débiter leurs mensonges.<br />
— <strong>La</strong> même idée m’avait traversé l’esprit, Votre Majesté, acquiesça Émouchet.<br />
— Mais qui se trouvait derrière tout ça ? Et contre qui en avait-il ? Le comte Radun ? Ou le roi<br />
Drégos ? Ou même le seigneur Vanion ?<br />
— Il se pourrait que ce soit impossible à déterminer… à moins qu’on puisse persuader les soi-disant<br />
témoins d’identifier leurs complices.<br />
— Bien vu, sire Émouchet. (Le roi Obler fixa gravement le primat Annias.) Votre Grâce, à vous de<br />
veiller que le marchand Tessera et le serf Verl soient interrogés. Nous serions plongés dans la plus<br />
grande détresse s’il leur advenait un événement irréversible.<br />
Le visage d’Annias se raidit.<br />
— Je vais les placer sous bonne garde, Votre Majesté assura-t-il au roi de Deira.<br />
Il fit un geste à l’un de ses soldats et lui marmotta <strong>des</strong> instructions, ce qui le fit blêmir légèrement puis<br />
quitter la salle à la hâte.<br />
— Sire Émouchet, explosa Lychéas, il vous avait été enjoint de vous rendre à Démos et d’y demeurer<br />
jusqu’à nouvel ordre. Comment se fait-il que…<br />
— Silence, Lychéas, lança Annias.<br />
Le visage boutonneux s’empourpra lentement.<br />
— Il me semble que vous deviez <strong>des</strong> excuses au seigneur Vanion, Annias, signala Dolmant.<br />
Annias pâlit, puis se tourna raidement vers le chef <strong>des</strong> pandions.<br />
— Je vous prie d’accepter mes excuses, monseigneur Vanion, dit-il brièvement. J’ai été abusé par <strong>des</strong><br />
menteurs.<br />
— Bien entendu, mon cher primat, répondit Vanion. Nous commettons tous <strong>des</strong> erreurs de temps à<br />
autre, n’est-ce pas ?<br />
— Je crois donc que ceci met un point plus ou moins final à la question, fit Dolmant. (Il coula un<br />
regard de côté à Annias qui contrôlait ses émotions avec peine.) Soyez sûr, Annias, que je présenterai<br />
toute cette affaire sous un jour aussi charitable que possible quand j’en rendrai compte à la Hiérocratie<br />
de Chyrellos. Je m’efforcerai de ne pas vous faire apparaître comme complètement idiot.<br />
Annias se mordit la lèvre.<br />
— Dites-nous, sire Émouchet, demanda le roi Obler pourriez-vous de quelque manière identifier les<br />
gens qui ont menacé le château du comte ?<br />
— L’homme qui les menait s’appelle Adus, Votre Majesté, dit Émouchet. C’est un sauvage sans<br />
cervelle qui obéit aux ordres d’un pandion renégat nommé Martel. Nombre de ses hommes étaient <strong>des</strong><br />
mercenaires ordinaires. Les autres étaient <strong>des</strong> Rendors.<br />
— Des Rendors ? lâcha le roi Drégos en plissant les yeux. Certes, les tensions sont gran<strong>des</strong> depuis<br />
quelque temps entre mon royaume et Rendor, mais ce complot me semble un peu complexe pour l’esprit<br />
rendor.<br />
— Nous pourrions passer <strong>des</strong> heures en hypothèses, Drégos, dit le roi Wargun en tendant sa coupe de<br />
vin vide pour qu’un serviteur la remplisse. Une heure ou deux sur la roue devraient persuader le<br />
marchand et le serf de nous dire ce qu’ils savent sur leurs complices.<br />
— L’Église n’approuve pas ce genre de métho<strong>des</strong>. Votre Majesté, annonça Dolmant.<br />
Wargun eut un reniflement de dérision.<br />
— Les oubliettes sous la basilique de Chyrellos sont réputées chez les plus experts <strong>des</strong> interrogateurs.<br />
— Cette pratique est abandonnée.<br />
— Peut-être, mais ceci est une question civile. Nous ne sommes pas limités par la délicatesse<br />
ecclésiastique et, quant à moi, je ne propose pas d’attendre que vos prières tirent une réponse de ces deux<br />
individus.