La trilogie des Joya..

que de le bannir de notre ordre. Je le dépouillai de son titre de chevalier et de son armure, puis je le
reconduisis à la porte principale.
— C’était peut-être une erreur, grommela Komier. Je l’aurais fait tuer. A-t-il évoqué à nouveau cette
créature ?
Vanion hocha la tête.
— Oui, mais Séphrénia s’adressa aux Dieux Cadets de Styricum qui l’exorcisèrent. Puis ils ôtèrent à
Martel les plus importants de ses pouvoirs. Il partit en pleurant et en jurant qu’il se vengerait. Il est
toujours dangereux, mais du moins est-il incapable d’appeler ce genre d’horreurs. Il a quitté l’Élénie et
loué son épée au plus offrant dans d’autres parties du monde depuis dix ou douze ans.
— C’est donc un mercenaire comme les autres ? demanda Darellon.
Le mince Précepteur alcion arborait une expression pressante sur son visage étroit.
— Pas tout à fait, monseigneur. Il a bénéficié de la formation des pandions. Il aurait pu être le
meilleur d’entre nous et il est très intelligent. Il a d’amples contacts parmi les mercenaires de toute
l’Éosie. Il peut lever une armée en un rien de temps et il est totalement dépourvu de pitié. Je ne crois pas
que Martel croie encore en quoi que ce soit.
— A quoi ressemble-t-il ? demanda Darellon.
— Il dépasse la taille moyenne, répondit Kalten. Il doit avoir à peu près le même âge qu’Émouchet ou
moi, mais il a les cheveux blancs… depuis l’âge de vingt ans.
— Je pense qu’il faudrait que nous cherchions tous à le repérer, suggéra Abriel. Qui est l’autre… cet
Adus ?
— Adus est une bête sauvage, dit Kalten. Après son expulsion, Martel a recruté Adus et un homme
nommé Krager pour l’aider dans ses activités. Adus est pélosien, je crois… ou lamork, peut-être. C’est à
peine s’il sait parler, en sorte que son accent est difficile à identifier. C’est un vrai sauvage, dépourvu de
sentiments humains. Il se délecte du meurtre… qu’il accomplit très lentement et parfaitement.
— Et le troisième, donc ? demanda Komier. Krager ?
— Krager est plutôt intelligent, répondit Émouchet. A la base, c’est un criminel… fausses pièces,
extorsions fraudes, et cetera… mais il est faible. Martel lui confie les tâches qu’Adus serait incapable de
comprendre.
— Quel est le lien entre Annias et Martel ? demanda le comte Radun.
— Cela ne dépasse probablement pas le stade de l’argent, monseigneur. (Émouchet haussa les
épaules.) Martel se vend au plus offrant et il n’a pas de convictions. On prétend qu’il a caché quelque
part une tonne d’or.
— J’avais raison, dit brutalement Komier. Tu aurais dû le faire tuer, Vanion.
— Je le lui ai proposé, précisa Émouchet, mais Vanion a refusé.
— J’avais de bonnes raisons.
— Pourquoi des Rendors ont-ils participé à l’attaque contre le château du comte Radun ? demanda
Abriel.
— Je reviens de Rendor. Il s’y trouve tout un fonds de mercenaires, comme en Pélosie, en Lamorkand
et en Cammorie. Martel les utilise quand il en a besoin. Ils n’ont aucune croyance religieuse particulière,
éshandiste ou autre.
— Avons-nous assez de preuves à présenter contre Annias à la Hiérocratie de Chyrellos ? demanda
Darellon.
— Je ne crois pas, dit le patriarche Dolmant. Annias a acheté de nombreuses voix au Conseil
supérieur de l’Église. Toute accusation contre lui devrait être appuyée par des preuves indiscutables.
Tout ce que nous avons c’est une conversation surprise entre Krager et le baron Harparine. Annias s’en
tirerait assez facilement… grâce à quelques pots-de-vin, par exemple.
Komier se carra dans son fauteuil en se tapotant le menton avec un doigt.