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— Je crois, mon cher frère, que nous sommes en train de perdre notre temps. Le bon docteur refuse de<br />
coopérer. (Elle leva la main.) Envole-toi, petite sœur, dit-elle à la minuscule créature. Maintenant, nous<br />
partons, Tandjin.<br />
Émouchet allait émettre une objection, mais elle posa la main sur son bras et commença à se diriger<br />
vers la porte.<br />
— Mais qu’allez-vous faire de ça ? s’écria Tandjin en tendant le bras vers la fée qui tournoyait dans<br />
la pièce.<br />
— Faire ? Mais rien, voyons. Elle est très heureuse, ici. Donnez-lui un peu de sucre de temps à autre,<br />
et réservez-lui une coupelle d’eau. En retour, elle chantera pour vous. Par contre, n’essayez pas de<br />
l’attraper. Cela la mettrait dans une rage folle.<br />
— Vous ne pouvez pas la laisser ici ! s’exclama-t-il, au supplice. Si quelqu’un la voit ici, je serai<br />
brûlé vif pour sorcellerie !<br />
— Il comprend du premier coup, n’est-ce pas ? dit Séphrénia.<br />
— C’est une <strong>des</strong> caractéristiques de l’esprit scientifique, repartit Émouchet avec un bon sourire. On y<br />
va ?<br />
— Attendez ! lança Tandjin.<br />
— Vous désirez nous confier quelque chose, docteur ? demanda doucement Séphrénia.<br />
— Très bien. Très bien. Mais il faut que vous me juriez de garder le secret.<br />
— Bien entendu. Bouche cousue.<br />
Tandjin prit longuement son souffle et se précipita vers le rideau pour s’assurer que personne ne les<br />
écoutait. Puis il se retourna et leur fit signe de le rejoindre dans un recoin où il parla dans un<br />
chuchotement rauque.<br />
— <strong>La</strong> darestime est si virulente qu’il n’existe aucun remède ni antidote naturel, commença-t-il.<br />
— C’est ce que nous a dit Voldi, confirma Émouchet.<br />
— Vous remarquerez que j’ai dit naturel, continua Tandjin. Il y a quelques années, au cours de mes<br />
étu<strong>des</strong> je suis tombé sur un très ancien livre. Il avait été écrit avant l’époque d’Éshand et avant la<br />
promulgation de ses interdits. Il semble que les guérisseurs primitifs de Rendor utilisaient alors<br />
couramment la magie pour traiter leurs mala<strong>des</strong>. Parfois cela marchait, parfois non… mais ils obtenaient<br />
certaines guérisons stupéfiantes. Cette pratique avait un élément commun. Certains objets de ce monde<br />
possèdent un pouvoir immense. Les médecins de l’Antiquité utilisaient ce genre de choses pour guérir<br />
leurs mala<strong>des</strong>.<br />
— Je vois, dit Séphrénia. Les guérisseurs styriques ont quelquefois recours aux mêmes mesures<br />
désespérées.<br />
— Cette pratique est très courante dans l’empire tamoul, sur le continent darésien, continua Tandjin,<br />
mais elle est tombée en désuétude en Éosie. Les médecins éosiens préfèrent les techniques scientifiques.<br />
D’abord, elles sont plus fiables, et les Élènes se sont toujours méfiés de la magie. Mais la darestime est<br />
si puissante qu’aucun <strong>des</strong> antidotes habituels ne produit d’effet. Les objets magiques sont le seul remède<br />
efficace.<br />
— Et qu’avez-vous utilisé pour guérir le frère et les neveux du roi ? demanda Séphrénia.<br />
— C’était une pierre précieuse brute d’une couleur bizarre. Je pense qu’elle était originaire de<br />
Darésie, mais je n’en suis pas vraiment sûr. Je crois que les Dieux Tamouls y ont insinué leur pouvoir.<br />
— Et où se trouve cette gemme, à l’heure actuelle ? lui demanda Émouchet avec une attention<br />
soutenue.<br />
— Elle est détruite, je le crains. J’ai dû la réduire en poudre et la mêler à du vin pour guérir les<br />
parents du roi.<br />
— Espèce d’idiot ! explosa Séphrénia. Ce n’est pas du tout la façon dont on doit utiliser ces objets !<br />
Il suffit de les mettre en contact avec le corps <strong>des</strong> patients et d’évoquer leur pouvoir.