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Assourdis par le bruit de la détonation, hébétés d’horreur,<br />

nous restâmes figés sur place quelques secondes. Emerson fut le<br />

premier à bouger. Je n’ai jamais vu un homme courir aussi vite.<br />

La tentative était louable, mais bien sûr totalement absurde, vu<br />

qu’un homme à pied ne peut espérer rattraper un cheval au<br />

galop.<br />

Le vicomte réagit plus vite que je n’aurais cru.<br />

— Ne vous inquiétez pas, madame, je vais sauver votre<br />

garçon ! s’écria-t-il avant de partir en courant vers les autres<br />

chevaux, qui se trouvaient à quelque distance de là, gardés par<br />

deux palefreniers. Avant qu’il ne parvienne à leur hauteur,<br />

cependant, un individu se rua sur lui, l’envoyant valdinguer. Le<br />

nouveau venu sauta sur la selle la plus proche. L’homme poussa<br />

un cri, le cheval hennit en retour, et ils filèrent, ne faisant plus<br />

qu’un. La djellaba du cavalier flottait derrière lui comme une<br />

grande aile.<br />

Nos hommes partirent en courant derrière Emerson, criant et<br />

agitant les bras. Au bout de quelques instants de confusion, le<br />

vicomte et ses compagnons montèrent en selle et se lancèrent à<br />

leur poursuite au galop. Les deux palefreniers échangèrent un<br />

coup d’œil, haussèrent les épaules, et s’assirent par terre pour<br />

regarder.<br />

Était-ce par accident ou bien parce que Ramsès avait réussi à<br />

maîtriser quelque peu le cheval, mais ce dernier avait amorcé un<br />

large arc de cercle. Si cela avait été vraiment décidé par Ramsès,<br />

c’était une sérieuse erreur de sa part, car le coursier approchait<br />

rapidement de l’un des oueds qui coupaient le désert à l’ouest.<br />

Je ne voyais pas quelle en était la profondeur, mais il semblait<br />

bien faire trois mètres de largeur. Il se pouvait que le cheval fût<br />

capable de le franchir. Mais j’étais quasi certaine que Ramsès ne<br />

resterait pas en selle si c’était le cas…<br />

Comme le Lecteur peut le supposer, j’étais loin d’être aussi<br />

calme et sereine que les réflexions ci-dessus pourraient le laisser<br />

croire. En réalité, « glacée d’horreur » serait l’expression<br />

relativement juste, quoique rebattue, qui pourrait rendre<br />

compte de mon état en cet instant. Toutefois, je ne pouvais<br />

absolument rien faire d’autre que regarder. Il y avait déjà<br />

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