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voudrais pas qu’on croie que j’approuve l’immoralité, mais je<br />

dois avouer que la jeune fille monta dans mon estime.<br />

— Asseyez-vous, Donald, dis-je. Vous avez l’air si indécis, à<br />

rester planté là en vous grattant la tête. Discutons<br />

rationnellement. J’approuve entièrement votre décision, qui<br />

devra, bien sûr, attendre les formalités adéquates. Puis-je vous<br />

demander ce qui vous a amenés à la prendre ?<br />

Donald continuait à tenir Enid par la main. Elle lui sourit<br />

avec (je ne pus m’empêcher de penser) l’attitude bonasse<br />

qu’adopte un professeur pour encourager un enfant qui a du<br />

retard.<br />

— Enid m’a convaincu, dit Donald. Nous ne pouvons<br />

continuer à nous cacher comme des criminels qui ont à rougir<br />

de quelque chose. Elle n’a sûrement rien à craindre de la police.<br />

Seul un fou pourrait s’imaginer qu’elle est coupable.<br />

— C’est en effet le cas, dis-je. Nous avons appris aujourd’hui<br />

que la police ne la croyait plus coupable du meurtre de<br />

Kalenischeff. Vous, en revanche…<br />

— Moi, coupa Donald en relevant le menton, j’affronterai mes<br />

accusateurs comme un homme. Ils ne peuvent pas prouver que<br />

j’ai tué cet individu. Et pourtant j’ai souvent eu envie de<br />

l’assommer quand je les suivais au Caire, Enid et lui, et que je le<br />

voyais la lorgner avec un sourire narquois.<br />

— C’est le genre de déclaration que je vous conseille<br />

fortement de ne faire à personne, dit Emerson. Certes, je suis<br />

d’accord avec vous, il n’y a guère de présomptions contre vous.<br />

Mais vous n’avez pas expliqué ce soudain accès de galanterie.<br />

Est-ce l’amour, cette noble émotion, qui vous a donné du<br />

courage ?<br />

Donald ne remarqua pas le ton satirique, et dit simplement :<br />

— Oui, monsieur. D’autre part, j’ai beau rechigner à voir la<br />

vérité en face, Enid m’a convaincu que c’était Ronald qui avait<br />

essayé de me tuer ce matin.<br />

— Ma foi, bien sûr, s’exclama Emerson. Il est évident depuis<br />

le début que les difficultés que vous avez rencontrées tous deux<br />

sont d’ordre purement domestique. Votre frère, monsieur<br />

Fraser, paraît ne pas avoir le moindre principe. C’est lui, n’estce<br />

pas, qui a contrefait la signature et vous a persuadé de vous<br />

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