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— Je partage entièrement votre avis, Emerson. Nous voilà<br />

donc fixés quant à Enid. Reste à savoir où se trouve Ramsès,<br />

avant de déguster tranquillement…<br />

— Je suis là, Maman, annonça Ramsès en sortant de la<br />

maison avec la bouteille de whisky et les verres sur un plateau.<br />

(Emerson bondit pour le lui prendre des mains, et Ramsès<br />

poursuivit :) Par la fente dans la porte j’ai entendu tout ce qui<br />

s’est dit. J’ai estimé que mon apparition risquait de faire dévier<br />

la conversation, que j’ai trouvée fort intéressante et fort<br />

stimulante. Maintenant que je suis là, nous pouvons évoquer les<br />

implications éventuelles de ce que nous venons d’apprendre et<br />

les incidences sur le problème principal qui nous occupe. Je<br />

veux bien sûr parler de…<br />

— Sapristi, Ramsès, en plus tu écoutes aux portes ? lui lançaije<br />

sévèrement. Écouter aux portes, ce n’est pas convenable.<br />

— Mais c’est très utile, répliqua Ramsès tendant un verre<br />

tandis qu’Emerson servait le whisky. (Il vivait dans l’espoir que<br />

son père le remplirait sans faire attention et que moi-même ne<br />

m’en apercevrais pas. Les deux choses n’avaient pratiquement<br />

aucune chance de se produire, mais, comme Ramsès me l’avait<br />

un jour expliqué, cela ne coûtait rien de tenter le coup.)<br />

Cela s’avéra inefficace cette fois-ci. Emerson me tendit mon<br />

verre.<br />

— Je me demande, dit-il pensivement, comment M. Ronald<br />

Fraser savait que la demoiselle était avec nous. Il ne m’éblouit<br />

pas par ses capacités intellectuelles.<br />

— Il l’a peut-être entrevue hier, suggérai-je.<br />

— Peut-être. Eh bien, Peabody, qu’en pensez-vous ? Le<br />

coupable est-il Donald ou Ronald ?<br />

— Comment pouvez-vous avoir des doutes, Emerson ? Enid<br />

nous a dit…<br />

— Oui, mais c’est la parole d’une jeune fille qui reconnaît<br />

ignorer les faits contre celle des deux frères. Ils sont<br />

certainement mieux placés qu’elle pour savoir.<br />

Logiquement il avait raison. À tous les autres points de vue il<br />

avait tort. Je n’avais pas d’arguments rationnels à avancer, je<br />

n’avais que ma profonde connaissance de la nature humaine,<br />

qui est bien plus sûre dans des cas de ce genre que la logique.<br />

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