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moi et se mit à faire les cent pas, attendant que j’aie fini, sans,<br />

malgré tout, se plaindre du retard. Car sous ses abords bourrus<br />

Emerson cache le cœur le plus tendre du monde et ne reste<br />

jamais insensible aux souffrances des moins fortunés. Dès que<br />

le dernier patient fut parti, cependant, il me saisit par la main et<br />

prit la direction du site, criant aux hommes de le suivre.<br />

— Cela donne l’impression d’être général, n’est-ce pas,<br />

Peabody ? commenta-t-il, d’excellente humeur.<br />

Je jetai un coup d’œil derrière moi sur le ramassis qui se<br />

traînait à notre suite.<br />

— J’ai plutôt l’impression d’être à la tête d’une croisade<br />

insensée. Où est Nemo ?<br />

— Sur les talons de Ramsès, répondit Emerson en souriant.<br />

Je pense que notre garçon aura plus de mal à le semer ou à le<br />

corrompre que Selim. Je compte bien abattre beaucoup de<br />

travail utile cette saison-ci, Peabody. Sans être interrompu,<br />

Peabody !<br />

Je savais que le pauvre cher homme se faisait des illusions,<br />

mais je lui épargnai mes doutes. Il était difficile d’évoquer des<br />

idées de meurtre, d’enlèvement et d’agression par une telle<br />

matinée. L’air était frais, et la pureté de l’atmosphère aiguisait<br />

tous les sens. Les sons portaient plus loin, la vision semblait<br />

plus perçante, et la peau picotait au moindre contact. J’inspirai<br />

l’air salubre à grandes goulées, et bien qu’Emerson marchât<br />

d’un pas vif, je n’avais aucun mal à le suivre.<br />

Nos pas étaient accompagnés du cliquetis musical du matériel<br />

accroché à ma ceinture. J’estime tous ces objets essentiels lors<br />

de nos fouilles : allumettes dans une boîte étanche, petites<br />

flasques d’eau et de brandy, nécessaire d’écriture, couteau de<br />

poche, etc. Emerson n’aime guère que je transporte tous ces<br />

objets, car il se plaint de ce que leurs bords tranchants gênent<br />

les embrassements impulsifs auxquels il a coutume de se livrer.<br />

Mais en au moins une occasion ma « châtelaine », comme je<br />

l’appelle en plaisantant, avait servi à nous sauver la vie. Il<br />

n’avait pas changé d’avis, mais il le garda pour lui-même cette<br />

fois-ci.<br />

Depuis ma première saison en Égypte, où je me suis parfois<br />

trouvée gênée, voire dangereusement entravée, par les absurdes<br />

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