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Anokhi

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complètement pourquoi vous veniez ici aujourd’hui. Ma tâche<br />

est de vous l’apprendre. Quand les gens viennent ici pour<br />

m’écouter parler, je leur donne un sandwich. Les sots écoutent<br />

mes paroles ; les sages mangent le sandwich. Ce que je vous<br />

raconte n’est pas une absurdité ; c’est la vérité. C’est une chose<br />

qu’aucun de vous n’a imaginée, mais je vous donne de la vraie<br />

nourriture et cette nourriture est un sandwich ; les mots, les<br />

paroles, ne sont que du vent… ce n’est rien. Je vous fais payer<br />

cent dollars, mais vous apprenez quelque chose qui est sans<br />

prix. Quand votre chien ou votre chat a faim, est-ce que vous lui<br />

parlez ? Non, vous lui donnez à manger. Moi je vous donne à<br />

manger, mais vous ne le savez pas. Tout chez vous est à l’envers<br />

parce que c’est ce que vous a enseigné l’université ; mais cet<br />

enseignement était faux. Il vous a menti. Et maintenant vous<br />

vous racontez des mensonges ; vous avez appris à le faire et<br />

vous y réussissez très bien. Prenez le sandwich et mangez ;<br />

oubliez les mots. Le seul but des mots était de vous attirer ici<br />

par la ruse. »<br />

Étrange, ai-je songé. Il pense vraiment ce qu’il dit. Je sentais<br />

refluer un peu de ma souffrance, et une sorte de paix surgir en<br />

moi.<br />

Quelqu’un derrière moi s’est penché en avant pour me<br />

toucher l’épaule. « Salut, Angel. »<br />

Je me suis tournée pour voir qui c’était. Un jeune homme au<br />

visage rondelet, aux cheveux blonds, qui me souriait et me<br />

regardait de ses yeux candides. Bill Lundborg, vêtu d’un pull à<br />

col montant et d’un pantalon gris et chaussé, je m’en apercevais<br />

avec surprise, de Hush Puppies.<br />

« Vous vous souvenez de moi ? a-t-il demandé doucement.<br />

Je suis désolé de n’avoir jamais répondu à aucune de vos lettres.<br />

Je me demandais comment vous alliez.<br />

— Bien, ai-je dit. Tout à fait bien.<br />

— Je crois qu’il vaut mieux qu’on se taise. » Il s’est radossé,<br />

les bras croisés, absorbé par ce que Barefoot disait.<br />

À la fin de sa conférence, Barefoot est venu me trouver ; je<br />

restais assise sans bouger. Barefoot s’est penché vers moi pour<br />

me demander : « Êtes-vous une parente de l’évêque Archer ?<br />

— Oui. J’étais sa belle-fille.<br />

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