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fixent dans la mémoire du jeune voyageur en larges
fresques lumineuses :
... « De la grande tente seigneuriale, installée pour nous
devant la maison de l'aga nous voyions descendre une nuit
de demi-deuil, d'un noir violet où se fonçait la pourpre d'un
couchant magnifique » (i).
...« Le
crépuscule d'Orient passait dans l'air avec ses tein
tes irisées et fugitives comme des bulles de savon. Pendant dix
minutes tout l'espace était rose ! Peu à peu cette belle couleur
de rubis s'éteignait,
lilas lui-même s'étalait en s 'assombrissant » (2)...
passait à la mélancolie du lilas. Puis le-
Ainsi cette terre desséchée se pare et se transforme :
un humble puits,
participe à cet enchantement :
....« II
près du Caravansérail de l'Oued-Fodda
y avait je me rappelle, à la porte du caravansérail, un
vieux puits si bien enveloppé dans ces lueurs du couchant, que
sa margelle usée semblait de marbre rose ; le seau ramenait
de la flamme, la corde ruisselait de gouttes de feu » (3)...
Plus tard, la même vision se généralisera, s'idéalisera
dans l'imagination de l'écrivain :■
\
...« Puits
roses, où viennent boire des chameaux roses, où
la corde du puits, la barbe du Bédouin, lapant à même le
seau, ruissellent de goutelettes roses » (4).
Mais voici aussi les « aurores d'un vert inouï, le vert
minéral, le vert poison » (5), auxquelles succède la
«claire brume rose du matin» '(6). Voici surtout l'é-
blouissement de la lumière,
au plein midi rayonnant sur
la vaste plaine, avec l'or des lointains, les taches d'om-
(1) Contes du Lundi : Paysages gastronomiques, (Le kousskouss)
(2)
Contes du Lundi Le Caravansérail.
(3) Ibid.
(4)
rascon).
Trente ans de Paris : Histoire de mes livres. (Tartarin die Ta
(5) Ibid.
(6) Tartarin de Tarascon, éd. Fayard, p. 71.