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C'est la vie du péril, de l'aventure, des courses infatigables
dans le désert, des audacieuses excursions à travers la mon
tagne et les bois. La ter,re africaine est comme un dernier
refuge où l'héroïsme individuel, plus inutile chaque jour eh
Europe,
poursuit ses glorieux ébats » (i).
Combien attirante devait être cette exaltation des ins
tincts sauvages et primitifs pour la jeunesse de. Daudet,
pour « ce goût de, désert et de sauvagerie » qu'il décou
vrait en lui « depuis l'enfance », sans pouvoir définir
« d'où il lui était venu » ! Cet instinct secret le sollicitait à
parcourir l'Afrique du'
Nord, patrie des grands fauves,
terre encore assez peu connue pour se prêter à « la vie de
péril et d'aventure », aux « audacieuses excursions à tra
vers la montagne et les bois ».
D'ailleurs il n'entreprenait pas seul cette randonnée,
qui se promettait pittoresque. Dans Trente ans de Paris,
Daudet relate comment « Tartarin et lui » partirent de
Nîmes, « armés jusqu'aux dents et coiffés de la chéchia />,
un beau jour de novembre 1861, pour « chasser le lion en
Algérie ». Mistral précisa plus tard que Tartarin n'était
autre qu'un cousin de Daudet, originaire de Nîmes, du
rtom de Reynaud, qui, « ayant voyagé chez les « Teurs »,
ne parlait que de ses chasses au lion ». Effectivement sur
la liste de passagers précitée, publiée par l'Akhbar, on
retrouve, tant à l'aller qu'au retour, accolé au nom de
Daudet, celui de Reynaud, « propriétaire ». Et ce détail
non seulement confirme l'allégation de Mistral mais dé
montre que Reynaud accompagna son cousin tout au
cours de son voyage, étant parti avec lui et revenu avec
lui. Fieffé original que ce parent ! N'ayant pas subi,
comme Daudet, le contact des cercles littéraires parisiens,
il gardait intactes sa naïveté provinciale et son imagina
tion méridionale. Dans sa conférence, de 191 2 sur La
(1) DaumaS, La chasse en Afrique, Revue des Deux Mondes du ie
mars i853.