1923 T.64.pdf

— — 341
né sa porte à l'annonce d'un heureux événement public ».
L'Islam l'a condamnée aussi catégoriquement que le
christianisme. Nous lisons dans Eddamïri (lib. cit., t. I,
page 179) : le Prophète « a défendu de faire des sacrifices
sanglants aux génies. Quand un homme achète une mai
son ou qu'il veut en écarter le mauvais œil ou qu'il a d'au
tres motifs semblables, il égorge à cette maison une vic
time contre les présages funestes. On disait, du temps de
l'ignorance (du paganisme), que, lorsqu'on se conformait
à cette coutume, les génies ne faisaient aucun mal aux
habitants de la maison., Le Prophète,
que Dieu le bénis
se ! l'a abolie et frappée d'interdiction ». Cependant, les
anathèmes successifs des deux grandes religions qui do
minent l'âme indigène depuis tant de siècles n'ont pas
réussi à la proscrire. Les Français en débarquant en Al
gérie l'y
ont trouvée florissante. Mais aujourd'hui leur
présence semble lui être funeste. En effet, la réaction poli
tique qu'elle provoque accélère l'islamisation profonde des
masses. L'instruction plus répandue rend la conscience
populaire plus avertie et plus ombrageuse. Nous voyons
la société musulmane procéder sous nos yeux à une épu
ration précipitée de ses usages et de ses croyances, parce-
que son orgueil religieux rougit de ces superstitions
devant l'esprit scientifique des Européens.
Sous l'influence indirecte de cet esprit,
on s'attendrait
à voir les vieilles conceptions prendre un caractère plus
rationnel ; la chose est assez rare cependant : générale
ment elles évoluent sans sortir du domaine de l'animisme
populaire et, quand eljes le quittent,
c'est pour en
trer dans celui de l'hagiologie et non dans celui de la
science. Nous ne trouvons guère,
parmi les génies des
maisons, que cauche-
Boutellis, une personnification du