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— 43 —<br />

au marché de la place d'Isly, de la place de Chartres ou<br />

de la place Mahon, sur son âne,<br />

« les jambes écartées par<br />

de larges couffins en sparterie... suivant de tout son corps<br />

le balin-balan de la bête »(i). Au milieu des Arabes,<br />

voici les « juifs algériens avec leur costume oriental,<br />

hideusement agrémenté de bas bleus et de casquettes de<br />

velours », avec leurs femmes « bouffies et blafardes, tou<br />

tes raides dans leurs étroits plastrons d'or » (2). Il les<br />

retrouve à Miliana parés du même costume :<br />

« Le juif, vieux, barbe terreuse, veste marron, bas bleus,<br />

casquette en velours... Tout Israël est dans la rue. Les hom<br />

mes en casquette de velours, en bas de laine bleue... les fem<br />

mes pâles, bouffies, raides comme des idoles de bois dans<br />

leurs robes plates à plastrons d'or, le visage entouré de ban<br />

delettes noires... le juif, héros de l'aventure, passe entre deux<br />

haies de casquette »... (3)<br />

Un détail, on le voit,<br />

a particulièrement frappé le jeune<br />

écrivain dans le vêtement du juif d'Alger et de Miliana :<br />

c'est l'introduction de la casquette dans cette défroque<br />

semi-orientale. Or,<br />

ce détail se trouve confirmé dans le<br />

passage suivant du Tableau de l'Algérie en 185k de Duval :<br />

« Entraînés par l'esprit moderne, déjà quelques jeunes israé<br />

lites dépouillent le costume que leur avait imposé la tyrannie<br />

des Turcs, pour revêtir le costume français. Mais c'est là<br />

une grande innovation qui s'accomplit rarement en un jour.<br />

La casquette sert ordinairement de transition » (4).<br />

(1) Rencontre d'ailleurs banale. Desprez, L'hiver à Alger peint<br />

aussi ces « Arabes trottinant à califourchon sur un petit âne, leurs,.<br />

jambes nues et bronzées touchant presque la terre ».<br />

(2) Tartarin de Tarascon, éd. Fayard,<br />

p. 54.<br />

(3) A Milianah, Lettres de mon moulin, éd. Fayard, p. ni. Dans<br />

Robert Helmont, Daudet parle aussi de paysans « obséquieux et vils<br />

comme les Juifs d'Orient ».<br />

(4)<br />

Il est amusant d'ailleurs de constater qu'encore aujourd'hui<br />

les kabyles qu'on embauche comme travailleurs en France commen<br />

cent, sitôt « déracinés »,<br />

quette.<br />

par échanger leur chéchia contre une cas

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