1923 T.64.pdf

essentir,
— 84-
sans avoir à pousser jusqu'au désert, l'impres
sion pénétrante de sauvagerie et d'isolement,
à traduire en ce court mais vivant tableau..
qu'il réussit
Une autre randonnée, indiquée dans Chapatin le Tueur
de Lions, conduit encore l'intrépide chasseur,
monté sur
une carriole indigène, jusqu'au pays des Matmatas (i).
La nouvelle imaginée par Daudet situe le départ de cette
excursion du caravansérail identifié plus haut et ramène
le soir le héros, trahi et volé par son conducteur arabe,
jusqu'à Orléansville. Or le territoire des Matmatas est
situé au sud de Miliana, fort loin d'Orlêansville. Si donc
quelque expédition de chasse entraîna Daudet et Reynaud
jusqu'au territoire de cette tribu,
ce ne put guère être
qu'en partant de Miliana, par la route carrossable d'Affre-
ville à Tentet-el-Haad. Ce qui rend cette hypothèse vrai
semblable, c'est que pour aller de Miliana au pays des
Matmatas on passe par celui des Djendels et des Béni
Zoug
Zoug. Or il est fait mention de ces deux tribus dans
les récits de Daudet. Dans Un Décoré du 15 Août (Contes
du Lundi)
il est question du « kaïd des Zougs-Zougs » et
d'un « fameux improvisateur du Djendel ». Dans A Milia
nah (Lettres de mon Moulin) l'écrivain relate « une con
testation du caïd des Béni Zoug Zoug avec un juif de
Miliana ». Enfin dans le Turco de la Commune (Contes
du Lundi) le tirailleur indigène Kaddour vient de « la
tribu du Djendel ».
Au début de février 1862, Daudet se rendit plusieurs
fois chez des notables indigènes de la plaine. L'une de ces
visites est jpliment décrite dans les Paysages gastronomi
ques des Contes du Lundi. Une indication du texte per-
(1)
Le souvenir de cette randonnée disparaît dans Tartarin. Mais
on en retrouve trace dans les Notes sur la vie : « La première fois
que j'ai entendu le lion, c'est aux Matmatas dans le jour qui tom
bait ». L'impression causée par oc rugissement a-t-elle été trans
posée dans la nouvelle : le Caravansérail ou Daudet l'entcndit-il plu
sieurs fois ?