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magasin à fourrage, où de gros quinquets font l'office de
lustre » (i), où les acteurs sont « presque tous des ama
teurs, des soldats du 3B
»,
que viennent applaudir leurs
camarades. « Des militaires, encore des militaires », pour
rait s'écrier une fois de plus l'auteur de Tartarin. Enfin
c'est aussi « et toujours,
cet éternel féminin des théâtres
de province, prétentieux, exagéré et faux »{2). Puis le
soir, quand il rentre tard du théâtre, le jeune poète
revient à son hôtel, en passant « le long des remparts .>,
itinéraire exact,
puisque on accéder à l'hôtel du
Commerce en longeant les fortifications. .Ainsi, en ces
quelques pages des Lettres de mon Moulin et de Tartarin,
est évoquée toute la vie de la petite sous-préfecture endor
mie, prétentieuse, monotone. A des lieues de la France la
province française se représente encore à son observation
ironique. N'est-ce pas en effet en songeant à Miliana que,
plus tard, dans les Lettres à un absent, il comparera
Nogent, grouillant de soldats qui flânent, désoeuvrés, par
les rues, à « une petite ville d'Algérie » ?
'Mais voici par contre le pittoresque local,
et le même
contraste déjà remarqué à Alger entre le milieu français
et la vie indigène. Celle-ci apparait à Miliana encore plus
fruste et plus misérable : la « pouillerie musulmane »
comme le répète Daudet dans l'es Lettres de mon Moulin
et dans Tartarin, s'y
montre au naturel. Dans « l'anti
chambre bédouine » du bureau arabe, dans la cour de la
mosquée, « la cour des pauvres », dans la rue où Tartarin
se prend au collet avec des nègres, dans le quartier israé
lite, même mélange de races ; nègres ou arabes, Mahon
nais ou Maltais, colons espagnols et boutiquiers juifs :
même grouillement de foule vermineuse. L'allure des
(i) Ce théâtre de Miliana élut domicile dans des locaux assez dispa
rates. L'Itinéraire Hachette de I87h note qu'il fut un temps installé
dans une mosquée désaffectée.
(2)
Lettres de mon moulin : A Milianah (pa«sim).