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— — 22<br />

iJ va venir sur toi, tu tombes sur un genou, tu lui prends la<br />

patte,<br />

tu la lui casses... Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse ? »..<br />

On comprend, après ces confidences, l'exclamation<br />

plaisante d'Alphonse Daudet dans Trente ans de Paris, à<br />

propos de son compagnon de voyage : « Ah ! il y croyait,<br />

celui-là, aux lions, aux panthères, aux dromadaires, à<br />

tout ce qu'avaient bien voulu lui raconter ses livres, et<br />

que son imagination méridionale lui grandissait encore ,?,<br />

Mais Daudet lui-même subissait d'autant plus aisément la<br />

contagion de cette naïve crédulité que son enfance s'était<br />

grisée aussi de fictions aventureuses :<br />

(( A la fabrfque, déclare son frère, au premier éveil de son<br />

intelligence, il ne fermait guère son Robinson Crusoë que pour<br />

ressusciter-, dans ses jeux l'épopée de son héros. Le souvenir<br />

d'un Robinson Suisse, lu et relu bien souvent, inspirait aussi<br />

nos imaginations. La pièce de gazon devenait une île déserte,<br />

les pêches et les figues de l'espalier se transformaient en goya<br />

ves et en bananes, notre chien devenait un lion affamé et<br />

féroce » (i).<br />

Mainte fois, d'ailleurs, le souvenir de Robinson passe<br />

dans l'œuvre de l'écrivain. C'est ainsi que Tartarin, dé<br />

barquant à Alger, traverse une place « farouche et majes<br />

tueux comme Robinson Crusoé », que Robert Helmont,<br />

Journal d'un solitaire, prend l'allure d'une véritable ro-<br />

binsonnade, dont le héros est appelé par l'auteur : « Le<br />

Robinson de l'a forêt de Sénart », que, dans Trente ans<br />

de Paris, Jean du Boys a « un sourire d'enfant dans une<br />

barbe de Robinson », tandis que Raoul D., l'original de<br />

Jack « vit en Robinson dans un grand logis solitaire et<br />

délabré ». Daudet ne se fit pas faute non plus de lire<br />

Gustave Aymard et Fenimore Cooper. D'autre passa<br />

ges de son œuvre semblent en témoigner. L'on peut<br />

considérer comme une parodie la « rhétorique apache »<br />

de Tartarin et comme une ironie cette raison donnée du<br />

(i) E. Daudet, Mon frère et moi, p. i33.

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