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Inévitablement, Tartarin croise aussi ânes et chameaux :
mais il s'effare, en outre, du mouvement tumultueux des
passants. Le Tableau de l'Algérie de Duval promet, d'ail
leurs, au touriste que,
... « s'il veut jouir dans un temps et un espace restreints
du mélange pittoresque et original de la civilisation euro
péenne avec la société musulmane, il n'a qu'à parcourir la
distance qui sépare Alger de la station de voitures dite du
Ruisseau... Tous les jours il remarquera sur cette route, aux
pieds des coteaux de Mustapha, l'animation des capitales d'Eu
rope ».
Mélange de races et animation sollicitent également
l'attention de Tartarin au sortir d'Alger :
... « Il y avait sur la route un encombrement fantastique.
Omnibus, fiacres, conïcolos, des fourgons du train, de gran
des charrettes de foin traînées par des bœufs, des escadrons
de chasseurs d'Afrique, des troupeaux de petits ânes micros
copiques, des négresses qui vendaient des galettes, des voi
tures d'Alsaciens émigrants, des spahis en manteaux rouges,
tout cela défilant entre deux haies de méchantes baraques
où l'on voyait de grandes Mahonnaises se peignant devant
leurs portes, des cabarets pleins de soldats, des boutiques de
bouchers, d'équarisseurs »... (i).
Quelques rapprochements peuvent permettre de s'assu
rer aisément que les éléments de ce tableau d'un mouve
ment et d'une couleur si personnels sont empruntés à la
réalité contemporaine. C'est ainsi qu'entre la rampe Bab-
Azoun et le Ruisseau circulaient constamment « des
calèches, des omnibus et des voitures dites corricolos ».
Ces corricolos dont Daudet a retenu le nom amusant re
misaient d'ailleurs à l'Agha :« C'est à l'Agha que logent
l'es charretiers et les nombreux corricolos aux flam
boyantes couleurs,
qui sont un des caractères de la civili
sation à Alger » (2). Ces voitures à elles seules suffiraient
(1) Tartarin de Tarascon, éd. Fayard,
(2) Duval, Itinéraire,
pp. 123-125.
p. 42.