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— — 68<br />

Dans un coin de cour mauresque, une jeune indigène<br />

pilant de l'orge pour la bouillie arabe :<br />

« Une jeune femme presque belle, la gorge et ies jambes<br />

découvertes, de gros bracelets de fer aux poignets et aux che<br />

villes, chante un air bizarre à trois notes mélancoliques et<br />

nasillardes. En chantant, elle allaite un petit enfant tout nu<br />

en bronze rouge, et, du bras resté libre,<br />

dans un mortier de pierre ».<br />

elle pile de l'orge<br />

Des sloughis arabes faméliques « de grands lévriers<br />

maigres, tout couverts de vermine qui rôdent d'un air<br />

méchant ». Un pan de mur consacré où pendent des<br />

haillons qui flottent au clair de lune :<br />

« Là-bas, au bout du chemin,<br />

se dresse un vieux fantôme<br />

de muraille, débris de quelque ancien temple. Ce mur est<br />

sacré : tous les jours les femmes arabes viennent y suspendre<br />

des ex-voto, fragments de haïcks et de foutas, longues tresses<br />

de cheveux roux, liés par des fils d'argent, pans de beurnouss..<br />

Tout cela va flottant, sous un mince rayon de lune,<br />

tiède de la nuit » (i).<br />

au souffle<br />

Ce sont là rencontres qui s'offrent encore aujourd'hui<br />

dans les quartiers indigènes des villes ou villages d'Algé<br />

rie. En voici une plus inattendue dont s'égaie, en ses notes<br />

sur Miliana, l'auteur des Lettres de mon Moulin. Il s'agit<br />

d'une innovation européenne, qui dénote'<br />

dans l'am<br />

biance :<br />

« Deux heures sonnent à l'horloge de la ville,<br />

un ancien<br />

marabout dont j'aperçois d'ici les grêles murailles blanches...<br />

Pauvre diable de marabout 1 qui lui aurait dit cela, il y a<br />

trente ans,<br />

qu'un jour il porterait au milieu de la poitrine<br />

(i) Ce dernier Souvenir tiré, ainsi que les précédentes citations,<br />

des « note* de voyage », publiées, sous le- titre,: A Milianah dans les<br />

Lettres de mon moulin,<br />

servira en outre à peindre le marabout près<br />

duquel Tartarin tient son fameux affût au lion : « 11 y avait tout<br />

juste près de là un vieux marabout à coupole blanche... et un fouil<br />

lis d'ex-voto bizarres, pans de burnous, fils d'or, cheveux roux, qui<br />

pendaient le long des murailles ». Ainsi, comme nous avons déjà eu<br />

l'occasion de le remarquer, l'écrivain n'hésite pas à utiliser plu<br />

sieurs fois les détails qu'il a observés- au cours de son voyage et<br />

consignés dans sa mémoire ou sur ses carnets.

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