1923 T.64.pdf

458
Nous arrivons enfin à un marabout exceptionnellement
intéressant qui domine la rive droite de l'Oued Djedi en
face du village et de l'oasis de Sidi Khaled. C'est le célè
bre sanctuaire du Nebi Sidi Khaled dont j'ai déjà dit un
mot précédemment et qui jouit d'une grande vénération.
La coupole du tombeau,
recouverte d'une autre coupole
de protection, s'élève près du minaret, à l'intérieur d'une
grande cour carrée entourée d'une colonnade sur la
quelle s'ouvrent aussi chambre de prière, logement de
l'oukil et de sa famille, chambres d'hôtes,
chambre des
morts, etc... L'un des coins est occupé par le minaret. Les
deux coupoles superposées sont ogivales. La plus basse,
celle qui recouvre les restes du Nebi s'élève au-dessus de
la terrasse des bâtiments qui l'avoisinent. Autour d'elle
se dresse le corps d'un marabout carré percé sur deux de
ses faces d'une double ouverture en plein cintre qui per
met d'apercevoir la coupole protégée. Ce marabout est
lui-même couronné par une seconde coupole pointue en
tout semblable à la première. A ses quatre coins se dres
sent de hauts merlons terminés en pointe. La salle de
prière d'où l'on peut apercevoir, par une ouverture, l'in
térieur du tombeau, s'ouvre sur la cour aussitôt après
lui. (Voir croquis
n°
VI).
Les nomades du pays .se font souvent enterrer à proxi
mité de cette construction funéraire. La famille noble des
Bou Okkaz, une des plus célèbres du Sud Constantinois,
y possède un cimetière privé, clos de murs.
Ce sanctuaire était celui de l'ancienne ville indigène de
Nebbi qui a disparu sans laisser de traces. C'était un évê-
ché au cinquième siècle de notre ère, ainsi qu'il appert
des renseignements recueillis par le Père Mesnage dans
son Afrique chrétienne (i). Par un de ces effarants ca
lembours familiers aux conquérants arabes, ceux-ci firent
de cet ancien sanctuaire de Nebbi, le tombeau d'un nebi,
(1) Père Mesnage, Afrique Chrétienne, p. 425.