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Cependant le paquebot était en retard sur son horaire :
au lieu de débarquer vers dix heures du matin nos passa
gers furent à quai « dans l'après-midi du troisième jour »,
selon Tartarin. Tout de suite les deux voyageurs sont
saisis de l'impression de chaleur ressentie : « L'air était
très chaud ce jour-là sur le quai ruisselant de soleil :>.
Effectivement le thermomètre marquait à Alger
l'ombre, le samedi 21 décembre, à 4 heures du soir.
retrouve chez ces derniers l'indication de la blancheur de ia ville,
de sa disposition en amphithéâtre et du bleu du ciel. Mais tous ceux
qui, avant Fromentin, Feydeau et Daudet, ont décrit Alger, l'ont
dépeint avec les mêmes traits. Qu'il nous suffise d'en citer trois exem
ples. Le premier est d'un poète :
« Passez au lait de chaux ce Montmartre bizarre,
a En triangle étendant sa base dans la mer
« Et dont le teomsmet fuit sur le ciel outremer...
« Et vous aurez Alger, la ville calcinée,
ce Ville de plâftre blanc échelonnant le sol ».
(A. de Chancel, La Première algérienne,
17"
publiée dans la Presse
en i845, réimprimée dans la Revue Africaine en 1860).
Autre description tirée d'un guide du temps : « Vue de la mer de
fort loin, la ville présentable plus beau panorama qu'on puisse ima
giner ; les maisons amas&ées, d'une couleur blanchâtre,
sont éche
lonnées vers l'Orient, sur le versant d'une colline, formant une es
pèce de grand triangle un peu incliné ». (Tombarel, Guide général
de l'Algérie, i885).
Or Fromentin dit de la ville d'Alger qu'elle se montre comme
(( un triangle blanchâtre... descendant par échelon les degrés escar
pés de sa haute colline »... Feydeau de son côté aperçoit Alger « com
me un triangle blanc ». M. L. Degoumois en conclurait-il que l'un et
l'autre s'inspirèrent d'A. de Chancel ou de Tombarel ?
Voici enfin une troisième esquisse empruntée au Tableau de l'Al
gérie de Duval (Paris, Î854) : « Vue de la mer, Alger apparaît comme
une masSe blanche de forme triangulaire,
confusément échelonnée
sur les flancs d'un contrefort du mont Bou Zarea... les Arabes sa
luaient en elle un diamant enchâssé dans l'émeraude et te saphir...
["Ils peignaient ainsi] les reflets d'étincelante lumière sous un ciel
bleu et limpide ».
Ces citations suffisent à prouver que Daudet n'avait pas besoin
de lire Fromentin ni Feydeau pour représenter Alger, tel qu'on le
retrouve dépeint partout et tel qu'il était réellement.
Regnard ne disait-il pas déjà d'Alger dan1» sa Provençale « ses
maisons bâties en amphithéâtre et terminées en terrasses, forment
une vue très agréable à ceux qui y abordent par la mer » ?
à