au shack

chaise. Il y eut un bref silence, puis Jésus dit tout bas avec
tendresse : « Sarayu, tu laves et moi j’essuie. »
Ouvrant aussitôt les yeux, Mack les vit s’échanger des
sourires en ramassant la vaisselle puis disparaître dans la
cuisine. Il resta assis quelques minutes, incertain de ce qu’il
devait faire. Papa était il ne savait où au juste, et puisque les
deux autres faisaient la vaisselle… il n’eut aucun mal à se
décider. Il emporta les couverts et les verres à la cuisine. À peine
les eut-il déposés sur le comptoir que Jésus lui lança un torchon.
Ensemble, ils essuyèrent gaiement les assiettes.
Sarayu chantonnait le même air évocateur que Papa avait
fredonné plus tôt ; Jésus et Mack l’écoutaient tout en faisant leur
travail. Plus d’une fois, la mélodie remua Mack en profondeur
comme si elle avait frappé à la porte de son cœur. On eût dit du
gaélique ; il percevait presque un accompagnement de
cornemuses. Pour le plaisir d’écouter chanter Sarayu, il aurait
volontiers fait la vaisselle jusqu’à la fin de ses jours.
Une dizaine de minutes plus tard, leur tâche terminée, Jésus
posa un baiser sur la joue de Sarayu et elle s’en fut. Puis il sourit
à Mack.
— Allons faire un tour sur le quai pour regarder les étoiles.
— Et les autres ?
— Je suis là, fit Jésus. Je suis toujours là.
Mack acquiesça. Cette notion de la présence de Dieu, bien
que difficile à saisir, semblait peu à peu pénétrer son cerveau et
son cœur. Il s’en tint à cela.
— Allons, dépêche-toi, dit Jésus, en interrompant le fil des
pensées de Mack. Je sais que tu aimes regarder les étoiles ! Tu
viens ?
Il avait l’air d’un enfant plein d’engouement et d’impatience.
— Pourquoi pas ? répondit Mack. La dernière fois qu’il avait
regardé les étoiles, c’était lors du funeste week-end de camping
avec les enfants. Sans doute le moment était-il venu pour lui de
prendre quelques risques ?
Il suivit Jésus qui sortait par la porte arrière. Dans les
dernières lueurs du crépuscule, Mack distingua le rivage
rocheux du lac, non pas négligé comme dans son souvenir, mais
bien entretenu et beau comme une carte postale. Le ruisseau
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