au shack

9
JE FERAI UN JARDIN
Même si nous pouvions trouver un autre Éden,
nous serions incapables d’en jouir parfaitement
ou de l’habiter pour toute l’éternité.
- 125 -
— HENRY VAN DYKE
Mack suivit Sarayu tant bien que mal par la porte arrière et le
long de l’allée, passé la rangée de sapins. Emboîter le pas à une
entité telle Sarayu équivalait à pourchasser un rayon de soleil.
La lumière irradiait à travers elle, puis reflétait sa présence en
plusieurs endroits à la fois. Elle était de la nature de l’éther,
habitée par des ombres dynamiques, des nuances de couleur et
du mouvement. « Ce n’est pas étonnant qu’elle intimide ceux qui
désirent être en relation avec elle, songea Mack. Elle n’est guère
prévisible. »
Mack fit en sorte de rester dans les limites de l’allée. Au
détour des arbres, il vit pour la première fois un jardin et un
verger magnifiques couvrant une superficie d’environ un
hectare. Sans trop savoir pourquoi, Mack s’était attendu à un
jardin à l’anglaise, bien ordonné et parfaitement manucuré. Ce
n’était pas du tout le cas !
Il avait sous les yeux une cacophonie de couleurs. Il chercha
en vain un peu d’ordre dans ce chaos qui se souciait fort peu de
la certitude. D’époustouflantes gerbes de fleurs explosaient
parmi les légumes et les fines herbes plantés d’une façon tout à
fait aléatoire, et ces végétaux ne ressemblaient à rien de ce que
Mack avait pu voir dans sa vie. C’était étourdissant, ahurissant,
et incroyablement beau.