au shack

départ étaient au bout du compte terriblement destructrices, et
certaines de celles que j’avais cru mauvaises, eh bien…
Il hésita avant d’aller au bout de sa pensée, mais Sarayu
l’interrompit.
— Ainsi, c’est toi qui décides de ce qui est bien ou mal. Tu
t’ériges en juge. Et pour compliquer les choses encore
davantage, ce que tu juges bon se transformera avec le temps
selon les circonstances. En outre – et c’est encore bien pis – vous
êtes des milliards à agir de la sorte, à décider ce qui est bien et ce
qui est mal. Par conséquent, lorsque votre notion du bien et du
mal est en conflit avec celle de votre prochain, il en résulte des
discussions, des querelles, parfois même des guerres.
Les coloris qui accompagnaient le mouvement de Sarayu
foncèrent à mesure qu’elle parlait ; des gris et des noirs vinrent
se mêler aux couleurs de l’arc-en-ciel et les assombrirent.
— Et s’il n’y a pas de réalité absolue du bien, votre jugement
n’a aucune assise. Ce ne sont que des mots, et le mot « mal »
pourrait tout aussi bien se substituer au mot « bien ».
— Je vois le problème.
— Le problème ? Sarayu était sur le point d’éclater quand elle
se redressa pour lui faire face. Elle était profondément troublée,
mais Mack savait que ce n’était pas à cause de lui.
— À qui le dis-tu ! enchaîna-t-elle. La décision des humains
de manger du fruit de cet arbre a démantelé l’univers parce
qu’elle a violemment arraché le spirituel au physique. Ils ont
choisi la mort, et ils ont exhalé dans leur dernier souffle le
souffle même de Dieu. C’est un problème, en effet !
Emportée par sa passion, Sarayu avait lévité, et voilà qu’elle
revenait doucement sur terre. Sa voix se fit plus chuchotante
tout en restant parfaitement intelligible.
— Ce fut un jour de grand malheur, dit-elle en guise de
conclusion.
Ils travaillèrent en silence pendant une dizaine de minutes.
Tout en extirpant des racines du sol pour les jeter sur le tas de
débris, Mack réfléchissait à ce qu’il venait d’entendre. Puis il
rompit le silence.
— Je comprends, maintenant, que je voue la majeure partie
de mon temps et de mes efforts à obtenir ce qui, selon moi, est
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