au shack

— Je commence à croire que je ne le sais pas du tout, fit
Mack.
— Ces occurrences seraient-elles moins « réelles » si elles
avaient lieu en rêve ?
— Je crois que j’en serais déçu.
— Pourquoi ? Mack, il se passe beaucoup plus de choses que
tu n’es en mesure de percevoir. Je t’assure que tout ce dont tu es
en train de faire l’expérience est très réel, beaucoup plus réel que
ta vie, telle que tu l’as connue jusqu’ici.
Mack hésita avant de foncer :
— Il y a encore une chose qui me chicote à propos de Missy.
Jésus vint s’asseoir à côté de lui. Mack s’inclina en appuyant
les coudes sur ses genoux et regarda les cailloux par terre. Il
parla enfin.
— Missy toute seule dans ce camion, si terrifiée… Je ne
parviens pas à chasser cette image de ma tête.
Jésus posa une main sur son épaule.
— Elle n’a jamais été seule, dit-il d’une voix douce ; je ne l’ai
jamais quittée. Nous ne l’avons pas quittée, même une seconde.
Je ne peux pas plus l’abandonner, ou t’abandonner, toi, que je
puis m’abandonner moi-même.
— Est-ce qu’elle savait que tu étais là ?
— Oui, elle le savait. Pas au début – elle était terrifiée et elle
était sous le choc. Il a fallu des heures à son ravisseur pour venir
jusqu’ici. Mais quand Sarayu l’a enveloppée, Missy s’est calmée.
Le long trajet nous a même donné l’occasion de dialoguer.
Mack s’efforçait d’assimiler les paroles de Jésus, mais il était
muet.
— Elle n’avait que six ans, mais Missy et moi sommes de
grands amis. Nous avons des conversations. Elle ignorait tout de
ce qui allait se passer. Elle s’inquiétait surtout pour toi et les
autres enfants, car elle savait que tu ne la retrouverais pas. Elle a
prié pour toi, pour que tu sois en paix.
Les larmes de Mack noyèrent ses joues, mais il n’en eut cure.
Jésus l’attira doucement à lui et le serra dans ses bras.
— Je ne crois pas que tu veuilles connaître tous les détails de
ce qui est arrivé. Ça ne servirait à rien. Mais je puis t’assurer que
nous avons été avec elle à chaque instant. Ma paix était en elle ;
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