au shack

Un torrent d’émotions, mélange de colère et de manques,
déferla sur Mack. Comme à ce signal, les couleurs de son père
éclatèrent à l’autre bout du pré et vinrent l’envelopper. Mack
baigna aussitôt dans un océan où se fondaient le rubis et le
vermillon, le magenta et le violet. Lumières et coloris
tourbillonnèrent autour de lui. Et au beau milieu de cet orage il
se surprit à s’élancer au pas de course dans le sentier pour y
retrouver son père, à s’élancer vers la source de ces couleurs et
de ces émotions. Il était redevenu un petit garçon qui cherche
son papa et, pour la première fois de sa vie, il n’avait pas peur. Il
courait, indifférent à tout sauf à l’objet de son amour, et il le
trouva. À genoux dans la lumière, le visage enfoui dans les
mains, son père pleurait et les larmes qui coulaient sur ses joues
ressemblaient à une cascade de diamants et de pierres
précieuses.
— Papa ! s’écria Mack en s’élançant vers l’homme qui ne
pouvait même pas lever les yeux sur son fils. Dans un hurlement
de vent et de flammes, Mack prit dans ses mains le visage de son
père, forçant ce dernier à le regarder dans les yeux et à
l’entendre prononcer péniblement les mots qu’il avait toujours
voulu lui dire : « Papa, pardonne-moi ! Papa, je t’aime ! » La
lumière de ses paroles avala les nuances les plus sombres des
couleurs de son père et fit virer celles-ci au rouge sang. Ils
échangèrent des aveux et des pardons tandis qu’un amour plus
grand qu’eux se répandait sur eux comme un baume.
Quand ils purent enfin se relever, le père serra son fils contre
lui comme jamais encore il ne l’avait fait. C’est alors que Mack
entendit la musique qui se déversait sur eux et sur le lieu saint
où ils étaient enlacés. Incapables de parler tant ils pleuraient, ils
écoutèrent le chant de réconciliation dont s’illuminait la nuit.
Des jets de couleurs en arceaux émanèrent des enfants, surtout
de ceux qui avaient le plus souffert, puis ils se propagèrent de
l’un à l’autre, comme portés par le vent, jusqu’à ce que la
clairière tout entière baigne dans la musique et la lumière.
Mack devina que ce n’était pas le moment d’entamer un
dialogue, et que ces précieux instants avec son père
s’achèveraient bientôt. Il comprit que, mystérieusement, leur
rencontre avait autant pour but d’aider son père que de l’aider,
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