au shack

cette femme qu’il aurait entendu : une cascade de lumière, une
invitation au dialogue. Mack rit avec elle sans raison.
Quand ils se turent, le visage toujours aussi doux de la femme
acquit une grande intensité, comme si elle avait pu voir en lui
au-delà des faux-semblants et des apparences jusqu’aux
tréfonds dont on ne parle que rarement, sinon jamais.
— Aujourd’hui est une journée très importante ; elle a de
graves conséquences.
Elle se tut un moment, comme pour donner plus de poids
encore à ses lourds propos.
— Mackenzie, tu es ici en partie à cause de tes enfants, mais
aussi parce que…
— Mes enfants ? interrompit Mack. Que voulez-vous dire, à
cause de mes enfants ?
— Tu aimes tes enfants comme ton père n’a jamais su vous
aimer, toi et tes sœurs.
— Bien sûr que j’aime mes enfants, affirma Mack. Tous les
parents aiment leurs enfants. Mais quel rapport cela a-t-il avec
ma présence ici ?
— En un certain sens, tous les parents aiment leurs enfants,
dit-elle, sourde à la seconde partie de sa question. Mais certains
d’entre eux sont trop brisés pour les aimer convenablement, et
d’autres y parviennent à peine – tu dois comprendre cela. Tandis
que toi, tu sais aimer tes enfants, tu les aimes très bien.
— C’est Nan qui me l’a appris.
— Nous le savons. Mais tu as appris, n’est-ce pas ?
— Je suppose que oui.
— Entre autres mystères de votre humanité malade, il y a un
phénomène remarquable : vous pouvez apprendre et vous savez
accepter le changement.
Elle était aussi sereine qu’une mer d’huile.
— Or donc, Mackenzie, puis-je te demander lequel de tes
enfants tu préfères aux autres ?
Mack sourit intérieurement. Cette question l’avait tourmenté
à la naissance de chacun d’eux.
— Je n’en préfère aucun, dit-il en pesant bien ses mots.
J’aime chacun différemment.
— Explique-moi ça, Mackenzie, fit-elle avec curiosité.
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