au shack

— Je comprends la nature de l’amour de Jésus. Quant à celui
de Dieu, c’est une tout autre histoire. Selon moi, ils ne se
ressemblent pas du tout.
— Tu n’as pas aimé partager la compagnie de Papa ? dit-elle
avec étonnement.
— J’aime Papa, peu importe qui elle est. Elle est
extraordinaire, mais elle ne ressemble en rien au Dieu que j’ai
connu.
— Sans doute est-ce ta perception de Dieu qui est gauchie ?
— C’est possible. Je ne vois tout simplement pas comment
l’amour de Dieu pour Missy a pu être parfait.
— Tu persistes donc à le juger ? fit-elle d’une voix triste.
Ces paroles le poussèrent à réfléchir, mais cela ne dura pas.
— Que voulez-vous que je fasse ? Je ne comprends pas que
Dieu ait pu aimer Missy s’il lui a fait vivre une telle horreur. Elle
n’avait rien fait pour mériter ça.
— Je sais.
— Est-ce que Dieu s’est servi d’elle pour me punir de ce que
j’ai fait à mon père ? Ce serait injuste. Elle ne méritait pas ça.
Nan non plus ne méritait pas ça.
Des larmes lui coulaient le long des joues.
— Moi, je le méritais peut-être, mais pas elles.
— Est-ce là ton Dieu, Mackenzie ? Ce n’est pas étonnant que
tu te noies dans ton chagrin. Papa n’est pas ainsi fait, Mackenzie.
Elle ne te punit pas, ni Missy, ni Nan. Ce n’est pas elle qui a fait
ça.
— Mais elle n’a pas empêché que ça arrive.
— Non, elle n’a pas empêché que ça arrive. Beaucoup de
choses font souffrir Papa sans qu’elle y mette un terme.
L’humanité est gravement malade. Vous avez exigé votre
indépendance, et vous voilà furieux contre le Dieu qui vous
aimait assez pour vous la donner. Rien n’est tel que cela doit
être, tel que Papa souhaite que ce soi, tel que ce sera un jour.
Votre univers a sombré dans les ténèbres et le chaos, et les êtres
auxquels Papa est particulièrement attaché connaissent un sort
affreux.
— Alors, pourquoi ne fait-il rien ?
— Il a déjà fait quelque chose.
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