au shack

— Allons… voyons si on peut te retrouver dans cet
embrouillamini.
Comme à son signal, un geai bleu se posa sur le rebord de la
fenêtre et se mit à faire les cent pas. Papa fouilla dans une boîte
en métal et, ouvrant la fenêtre, offrit une poignée de graines à
monsieur Geai. Sans la moindre hésitation, l’oiseau s’approcha
de sa main et se mit à manger avec humilité et reconnaissance.
— Songe à notre petit ami, ici, fit-elle ; la plupart des oiseaux
ont été créés pour voler. Être confinés au sol les empêche de
voler, et non pas le contraire.
Elle se tut un moment pour que Mack puisse réfléchir à ses
propos.
— Toi, tu as été créé pour être aimé, si bien que pour toi, vivre
comme si on ne t’aimait pas est une contrainte, et non pas le
contraire.
Mack fit oui de la tête, non pas tant parce qu’il était d’accord,
mais pour montrer qu’enfin il comprenait et suivait le fil de sa
pensée. Ça ne semblait pas très compliqué.
— L’être humain qui vit sans être aimé est comme un oiseau
aux ailes coupées qui ne peut pas voler. Ce n’est pas ce que je
veux pour toi.
Voilà le hic. Il ne se sentait pas particulièrement aimé en ce
moment.
— Mack, la souffrance nous coupe les ailes et nous empêche
de voler.
Elle attendit que ses mots fassent leur effet.
— Et si, pendant longtemps, on n’apporte pas de remède à
cette affliction, on en vient à oublier qu’on était né pour voler.
Mack continuait de se taire. Curieusement, ce silence n’avait
rien d’embarrassant. Mack regarda l’oiseau et l’oiseau regarda
Mack. Mack se demanda si les oiseaux savaient sourire. Il crut
que monsieur Geai souriait, fût-ce par réflexe sympathique.
— Je ne te ressemble pas, Mack.
Ce n’était pas dit dans le but de l’humilier ; c’était une simple
constatation. Mais elle lui fit l’effet d’une douche froide.
— Je suis Dieu, poursuivit Papa. Je suis qui je suis. Et
contrairement à toi, on ne peut pas me couper les ailes.
— J’en suis ravi pour toi, mais moi, où est-ce que ça me
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