au shack

— Peu importe, c’est un début, n’est-ce pas, Mackenzie ? Et
tu n’as pas surmonté les inaptitudes de ton père tout seul ; tu as
changé et tu as pu aimer comme tu le fais avec le secours de
Dieu. Maintenant, tu aimes tes enfants comme le Père aime ses
enfants à lui.
Mack sentit ses mâchoires se serrer malgré lui et la colère
l’envahir. Ce qui se voulait un commentaire élogieux et
rassurant ressemblait beaucoup plus à une potion amère qu’il
refusait d’avaler. Il essaya de se détendre pour masquer ses
émotions, mais au regard de la femme il sut qu’il était trop tard.
— Mackenzie, fit-elle pour l’encourager, y a-t-il quelque
chose que tu voudrais dire ?
Le silence s’installa entre eux. Mack tenta de se ressaisir. Il
entendit à son oreille la voix de sa mère : « Si tu n’as rien
d’aimable à dire, tais-toi. »
— Euh… non ! Pas vraiment.
— Mackenzie, le moment est mal choisi pour t’appuyer sur le
gros bon sens de ta mère. Ceci est l’instant de vérité et
d’honnêteté. Tu ne crois pas que le Père aime vraiment ses
enfants, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas réellement à sa divine
bonté, n’est-ce pas ?
— Est-ce que Missy est son enfant ? répliqua-t-il.
— Bien entendu !
— Alors, non, cracha-t-il en se levant d’un bond. Je ne crois
pas à l’amour de Dieu pour ses enfants !
C’était dit, et son accusation rebondit sur les parois de la
salle. Mack, en colère, sembla sur le point d’exploser, mais la
femme conserva son calme et ne changea pas d’attitude. Elle se
leva lentement de sa chaise à haut dossier, la contourna pour se
placer derrière, et fit signe à Mack d’approcher.
— Pourquoi ne t’assoirais-tu pas ici ?
— Voilà que ma franchise me vaut la sellette, maintenant ?
grommela-t-il avec sarcasme ; mais il ne bougea pas et se
contenta de regarder la femme dans les yeux.
— Mackenzie, dit-elle sans bouger ; j’ai commencé à te dire
tantôt pourquoi tu étais ici. Non seulement es-tu ici à cause de
tes enfants, mais tu es ici parce que c’est ton jour de Jugement.
Tandis que les parois de la salle réverbéraient ces mots la
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