au shack

— Elle n’a pas été ton sacrifice. Elle est et sera toujours ta
joie. Cela lui suffit.
— Me voilà rassasié ! dit Mack. Il s’appuya au dossier de la
chaise et admira le panorama.
— Il y a de quoi ! Tu as mangé presque tous les scones.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire, fit-il en riant, et tu le
sais. Je suis repu et comblé, le monde est mille fois plus clair, et
je me sens mille fois plus léger.
— Tu l’es ! Ce n’est pas facile de juger l’espèce humaine tout
entière.
En voyant Papa sourire, Mack sut qu’il ne trébuchait pas.
— Ou te juger toi, dit-il. J’ai été vraiment pitoyable. Plus
terrible que je ne l’aurais cru. J’avais très mal compris ce que tu
représentais pour moi.
— N’exagère pas, s’il te plaît. Nous avons aussi eu de très
bons moments.
— Mais je t’ai toujours préféré Jésus. Il me paraissait si
aimable, tandis que toi, tu paraissais si…
— Courroucée ? Comme c’est triste. Jésus est venu apprendre
aux hommes qui je suis, et la plupart des gens s’imaginent que
lui seul est bon. La plupart du temps, ils font de nous deux des
adversaires. Surtout les gens d’Église. Pour que ces gens aient
des comportements qu’ils estiment justes, ils font appel à un
Dieu intransigeant. Quand ils ont besoin de miséricorde, ils font
appel à Jésus.
— Exact, dit Mack en levant un doigt.
— Pourtant nous étions tous en lui. Il reflétait parfaitement
mon amour : je vous aime tous et je vous invite à m’aimer.
— Mais pourquoi m’aimes-tu, moi ? Je veux dire, pourquoi
Mackenzie Allen Phillips ? Pourquoi aimes-tu un aussi pauvre
type ? Après tout le mal que j’ai pensé de toi, après tous les
reproches que je t’ai adressés, pourquoi t’acharnerais-tu à
vouloir me faire entendre raison ?
— Parce que c’est ce que fait l’amour. N’oublie pas,
Mackenzie, je ne m’inquiète pas de ce que tu feras ou de tes
décisions. Je sais déjà tout ça. Supposons, par exemple, que je
cherche à t’apprendre à ne pas te cacher derrière des mensonges
– je parle pour la forme, bien entendu, fit-elle avec un clin d’œil.
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